Une employée meurt de surmenage, mais Price n’indemnisera pas la famille

Les sociétés d’audit sont connues pour exiger beaucoup des salariés. Mais Pricewaterhouse Coopers Chine a poussé trop loin : Pan Jie, tout juste diplômée d’une prestigieuse université, est morte de surmenage. PWC ne veut pas entendre parler d’indemnisation.

Par GVadmin Modifié le 25 juillet 2012 à 17 h 06

Les sociétés d’audit sont connues pour la masse de travail exigée des salariés. Mais Pricewaterhouse Coopers Chine a peut être poussé un peu loin : Pan Jie, 25 ans, tout juste diplômée d’une prestigieuse université, est morte des suites d’une surcharge de travail. PWC ne veut pas entendre parler d’indemnisation. Enquête dans l’enfer des bureaux.

Le travail qui tue

On sait les Asiatiques assidus au travail. Mais la pression d’une société où les employeurs sont encore rois oblige bien souvent les salariés à se plier à un rythme infernal. Pan Jie, une jeune fille diplômée l’an dernier d’un master à l’université des communications de Shanghai, une des meilleures du pays, n’avait pas peur des heures de bureau. Elle en a sans doute fait trop.

Un de ses collègues explique :

Chaque année, la période allant de janvier à avril est dure pour les auditeurs. En plus, Pan Jie travaillait sur un projet vraiment difficile. Il y avait une équipe de Price dans les bureaux du client, on finit très tard tous les jours. C’est un travail d’équipe, on a très peu de liberté. Impossible de partir avant tout le monde. Pan Jie était très assidue et même avec des méchants maux de tête, elle ne souhaitait pas s’absenter.

Elle ne souhaitait pas, ou bien craignait pour son emploi. Car elle avait rejoint la société en novembre 2010. Sa première saison de clôture des comptes… sera aussi la dernière. N’en pouvant plus des douleurs et de la fatigue, elle a été hospitalisée le 31 mars. Le 10 avril, elle décédait d’une méningite.

Petites phrases mortelles

Les derniers mois de cette vie, on peut les comprendre en voyant le compte de micro blog de la jeune fille. Alors que ses posts étaient nombreux, longs et joyeux en fin d’année dernière, reflétant la fierté d’avoir trouvé ce poste convoité d’auditeur, ils se sont réduits avec le temps. Depuis plusieurs mois, c’était des petites phrases postées à 3 ou 4 heures du matin.

12 décembre : "Je suis tellement fatiguée que je me suis endormie sur le clavier… "

4 janvier, en pleine nuit : "Encore chez le client, j’ai faim…"

8 janvier : "Les heures supp, OK. Les déplacements, OK. Les périodes de pointe, OK. Mais j’ai entendu dire qu’il y a une auditrice de KPMG qui est morte de fatigue. Là on approche de ma ‘bottom line’…"

18 janvier : "Je bosse tellement que j’ai oublié l’anniversaire de maman… ça me donne envie de pleurer"

10 février : "Je mange comme un ogre tous les jours, mais j’ai encore faim à en tomber par terre"

29 mars : "Je ne sens plus mes pieds, ça va vraiment plus"

30 mars : "Tous les jours on commande nos repas qui sont envoyés au bureau et on mange sur notre PC. Je rêve d’un bon repas à la maison"

Elle n’avait à ce moment plus que quelques jours à vivre.

L'enfer du devoir

Certains commentaires sont émouvants. Notamment celui de ‘Yu Tianyan’, une amie d’enfance de Pan Jie. Elle témoigne :

Elle m’avait décrit la situation : de janvier à avril, c’est l’enfer. Tous les jours, heures supp jusqu’à 3 ou 4 heures du matin. Quelques heures de sommeil, et il faut y retourner. Pas de weekend. Dès qu’un projet est terminé, il faut s’attaquer au suivant (…) Avant de rentrer chez Price, c’était une jeune fille ouverte. Excellente en sport et dans les études, une santé de fer. En moins de six mois, elle nous a quitté. Un de ses collègues m’a raconté qu’il avait vu Pan Jie en pleurs, elle faisait ses heures supplémentaires dans les larmes et la fatigue. Elle savait que ça n’allait pas.

Le problème est sérieux et courant. Un journaliste a interrogé des médecins de l’hôpital où elle a été soignée 11 jours. Tous font la même conclusion: la cause directe de la mort de la jeune fille, c’est cette pression au travail. Pourtant, PWC se refuse à reconnaître le travail comme cause de la disparition et ne veut pas entendre parler d’indemnisation de la famille. Vu l’ampleur que prend l’histoire dans les médias et sur les blogs chinois, soit ils changent d’avis, soit ils vont avoir grand mal à recruter… on se demande ce que les associés du cabinet, élite autoproclamée de l’industrie tertiaire, vont bien pouvoir faire…

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