Bananas ! (2009)

Si vous cherchez un procès choc pour une chronique judiciaire, regardez Bananas ! Ou comment un grand avocat américain a décidé de défendre les intérêts de 10.000 planteurs de bananes nicaraguayens qui ont porté plainte contre leur employeur, Dole Food, et le fournisseur d’engrais chimique Dow Chemicals, …

Par GVadmin Modifié le 1 août 2012 à 14 h 27

Si vous cherchez un procès choc pour une chronique judiciaire, regardez Bananas ! Ou comment un grand avocat américain de L.A. nommé Juan Dominguez, l’un des rares à être payé au million de dollars l’affaire, a décidé de défendre les intérêts de 10.000 planteurs de bananes nicaraguayens qui ont porté plainte contre leur employeur, Dole Food, et le fournisseur d’engrais chimique Dow Chemicals, pour les avoir exploité et détruit leur santé dans les champs de bananes.

Synopsis : C’est une affaire sordide et même terrifiante, pourtant inconnue du grand public, qui est déballée dans ce documentaire : depuis des années, la firme Dole Food cultive des bananes au Nicaragua. Rien de suspect jusque là, sauf que Dole emploie massivement un fongicide appelé Nemagon (1,2-dibromo-3-chloropropane de son vrai nom). Un fongicide hautement toxique, dont le contact prolongé avec la peau peut provoquer cancers, cécité, stérilité, malformations… Et Dole l’utilise sans informer ceux qui l’épandent des risques, et surtout en ne leur donnant aucune protection pourtant indispensable. Le Nemagon a pourtant été interdit dès 1977 aux USA. Plus grave encore, les quantités employées sont telles qu’on en retrouve dans les sols, l’eau, les animaux, le lait maternel (où sa concentration est 700 fois supérieure à la dose limite)… Toute la région concernée, le Chinandega, est polluée. Et les planteurs meurent par centaines, au point qu’ils ont surnommé le Nemagon « Rosée de la Mort ».

Épandage de Nemagon sur les plantation de bananes (Image du film Bananas 2009) © Fredrik Gerttner

Contexte : Dans ce documentaire, le réalisateur suédois, Fredrik Gertten, décide de dévoiler au grand jour un nouveau scandale. Un scandale qui a poussé le célèbre avocat, Juan Dominguez, à s’attaquer à Dole et à ses pratiques esclavagistes. De fait, le procès est historique, puisque c’est la première fois qu’une entreprise américaine doit répondre de ses agissements à l’étranger devant la justice de son propre pays. Et si le procès est gagné, d’autres entreprises pourront être jugées pour des motifs similaires. Car si la banane est un fruit devenu symbolique grâce à ce film, c’est loin d’être la seule culture qui connaisse ce genre de problème : c’est le cas aussi des roses du Canada venue de Colombie ou d’Equateur, cultivées dans des conditions aussi désastreuses, parfois par des enfants. Ou encore, de l’ananas du Costa Rica. Toujours des conditions proches de l’esclavage et l’empoisonnement aux intrants. On comprend dèslors que le label « commerce équitable » n’est pas seulement une lubie de riche consommateur, mais aussi un bon moyen d’éviter ce genre de pratique. La mise en cause de Dole Food dans l’empoisonnement de ses employés agricoles est pourtant ancienne : on peut remonter à 1984, avec le film Ananas (ou Ananas Connection) du réalisateur Amos Gitaï, qui dénonçait des pratiques similaires avec la culture de l’ananas à Hawaï puis aux Philippines depuis les années 30. Combien de documentaires encore avant que cette entreprise ne change de pratique ?


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