Même la pluie (2011)

Comment un film sur Christophe Colomb peut-il nous parler du présent ? En nous montrant que finalement, depuis cette époque, rien n’a vraiment changé. C’est le postulat de ce film, une répétition de l’histoire : des conquistadors assoiffés de l’or bleu sont prêt à tout pour s’emparer des ressources d’un pays.

Par GVadmin Publié le 10 août 2011 à 6 h 25

Comment un film sur Christophe Colomb peut-il nous parler du présent ? En nous montrant que finalement, depuis cette époque, rien n’a vraiment changé. C’est le postulat de ce long métrage, une répétition de l’histoire : des conquistadors assoiffés de l’or bleu sont prêt à tout pour s’emparer des ressources d’un pays. Après l’or jaune, l’or bleu, mais le prix à payer pour les populations locales reste le même.

Synopsis : Sebastian, jeune cinéaste passionné, et son producteur Tosar, arrivent sur l’Altiplano bolivien pour entreprendre le tournage d’un film sur Christophe Colomb. Comme les budgets sont serrés, ils embauchent massivement des figurants locaux à bas prix. Mais le tournage est vite interrompu par la grève de ceux-ci, qui protestent contre la privatisation de l’eau de la région. Sebastian et Tosar se retrouvent alors pris au cœur du conflit, partagés entre leur volonté de finir leur film à tout prix et leurs sympathies pour les grévistes et leur cause.

Contexte : Cette histoire s’inspire de faits réels, car en 1999 des manifestations ont lieu à Cochacombas (Bolivie) pour protester contre la privatisation de l’eau au profit de la firme Aguas de Turani. Et en 2000, le évènements tournent au drame, car le président bolivien déclare l’état d’urgence, la police donne l’assaut sur la ville hérissée de barricades et un jeune homme meurt abattu par la police. Finalement, au terme des négociations, le service de l’eau repasse dans le domaine public. Selon Iciar Bollain, qui a suivi les évènements, "C’est la première fois que les manifestants triomphaient d’une multinationale". Une belle victoire, mais qui révèle le problème grandissant de la financiarisation de l’eau qu’a démontré cette année le documentaire diffusé sur Arte, Water makes money. Car l’eau est de plus en plus rare donc de plus en plus chère. Mettre la main dessus représente un enjeu colossal que certaines entreprises ont bien compris. L’eau pourrait être le pétrole du XXIème siècle et assurer de juteux revenus.

Et c’est là que l’histoire se répète. De nouveaux conquistadors sont prêts à tout pour s’emparer de l’or, jaune hier et bleu aujourd’hui, quitte à passer sur le corps de ceux qui en disposent. D’où l’idée de mise en abyme du sujet, entre l’Amérique du XVIème et celle du XXIème siècle. Ce sujet, symbole d’une financiarisation folle qui semble avoir perdu le sens des réalités, ne pouvait échapper à Paul Laverty, scénariste de Ken Loach, le grand pourfendeur de la financiarisation du monde comme dans It’s a free world. Le film a quant à lui reçu un triomphe critique avec trois Goyas (équivalent de nos Césars). Mais on remarquera qu’il s’est fait devancer sur le sujet par… James Bond ! Car dans le dernier film de la série, Quantum of Solace (2008), l’agent 007 enquête sur les agissements d’un industriel qui veut s’approprier les ressources d’eau de Bolivie en spéculant sur la sécheresse. Si même James Bond, parangon du Rule Britannia, part en guerre contre la privatisation de l’eau, les entreprises ont du souci à se faire.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site du film


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