Monocultures forestières, l'avancée du désert vert

Réunis à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre la monoculture d’arbres, des spécialistes s’inquiètent de l’expansion de ces déserts verts qui font disparaître la biodiversité et assèchent les sols.

Par GVadmin Publié le 30 septembre 2011 à 6 h 24
Monoculture d'eucalyptus. © Oliveira Santana

Réunis à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre la monoculture d'arbres (21 septembre), des spécialistes des pays du Sud s'inquiètent de l'expansion des "déserts verts", ces plantations d'eucalyptus ou de pin qui font disparaître la biodiversité et assèchent les sols, dans le but de satisfaire les besoins en pâte à papier des pays riches.

Contre la monoculture d'arbres.
"Eucalyptus = sécheresse et famine" : en 2009 déjà, des militants brésiliens dénonçaient les monocultures d'arbres.

"En Europe, la consommation annuelle de papier atteint environ 350 kilos par personne, la moitié desquels sont destinés à l'emballage, tandis qu'au Brésil et en Uruguay, ce chiffre ne dépasse pas 50 kilos", affirme le Brésilien Winfridus Overbeek, responsable international du Mouvement mondial pour les forêts tropicales (WMR).

L'abondance de terres fertiles et les faibles coûts de production rencontrés dans les pays émergents ont conduit les nations industrialisées à délocaliser massivement leur production de cellulose vers l'hémisphère sud.

Le phénomène se traduit par une expansion sans précédent des monocultures d'eucalyptus et de pin destinés à la fabrication de papier dans plusieurs pays d'Amérique du sud, d'Afrique et d'Asie. Les plantations de palmiers à huile, autrefois circonscrites à l’Indonésie, se développent aujourd’hui partout à travers le monde, grignotant peu à peu la forêt vierge.

Le business des GES

Le responsable de la WRM dénonce également les effets pervers des mécanismes de développement propre (MDP) mis en place dans le cadre du protocole de Kyoto. Ceux-ci permettent aux pays industrialisés de maintenir leurs niveaux d'émissions de gaz à effet de serre (GES), s'ils s'engagent à compenser celles-ci en finançant dans les pays du Sud des projets censés contribuer au développement local et à la réduction des émissions de GES.

"Or, l'une de ces activités consiste justement à planter des arbres à grande échelle", s’indigne Winfridus Overbeek. Les spécialistes de divers pays présents dans la capitale uruguayenne pour la Journée de lutte contre les monocultures d’arbres ont profité de l'occasion pour expliquer comment cette reforestation industrielle met en péril la biodiversité et accélère l’exode rural. Guadalupe Rodríguez, membre de l’ONG Salva la Terra, affirme :

On pourrait penser que les monocultures sont bénéfiques, car c'est vert et c'est joli, mais si on s'en approche un peu, on s'aperçoit qu'il n'y a pas un bruit, pas même le chant d'un oiseau, seulement le silence.

Phénomène récurrent

Philip Owen, fondateur de l'organisation sud-africaine Geasphere, explique que dans son pays, les plantations d'eucalyptus et de pins ont complètement asséché les réserves d'eau souterraine, les ruisseaux et les rivières de la région de Mpumalanga. Selon lui, les entreprises forestières n'ont pas hésité non plus à tuer plus de 3000 babouins au cours des 10 dernières années, car accusés d'endommager les arbres au cours de leur recherche de nourriture.

Le constat est similaire en Uruguay, où les prairies et leurs écosystèmes complexes ont cédé la place à de monotones rangées d'eucalyptus. Lesquelles provoquent des pénuries d'eau pour les communautés locales qui voient disparaître avec amertume les terres fertiles qu'elles travaillaient et préfèrent souvent plier bagage.

Les défenseurs de l'environnement réunis à Montevideo ont conclu cette rencontre en rappelant les dangers du modèle de production basée sur la monoculture à grande échelle, qui génère les mêmes problèmes environnementaux et sociaux partout sur la planète.

ipsnoticias.net

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