Dans les coulisses du green business

L’économie n’a jamais été vue aussi verte par les médias que depuis ces dernières années. Difficile de croire pour autant que les leaders politiques et économiques se sont du jour au lendemain découverts une âme d’humanistes écologistes.

Par GVadmin Modifié le 30 juillet 2012 à 17 h 29
Jérémy Lamri, Youth Diplomacy.

L’économie n’a jamais été vue aussi verte par les médias que depuis ces dernières années. Difficile de croire pour autant que les leaders politiques et économiques se sont du jour au lendemain découverts une âme d’humanistes écologistes.

Une révolution est annoncée. Savant mélange de développement durable, de technologie, de responsabilisation et d’égalité sociale. Pour preuve, les initiatives fleurissent au rythme des zéros alignés dans les investissements "verts" ou "socialement responsables"; dans le même temps que la croissance démographique s’accentue, les ressources essentielles se raréfient, et les infrastructures, qui ont fait la grandeur du Nord, sont aujourd’hui dans un état critique. Mais avant de croire que le monde tourne à l’envers, ou qu’une invasion de "Bisounours" est en marche, un décryptage s’impose.

Il faut rappeler les notions fondamentales du fonctionnement de notre société, que sont l’économie et l’investissement. L’économie est la science de l’optimisation de l’utilisation des ressources. Concrètement, elle est censée permettre à la société de prospérer en utilisant le minimum de ressources possibles pour un maximum de valeur ajoutée. L’investissement, lui,  consiste à dépenser des ressources dans le but de les faire fructifier. L’investissement et l’économie combinés permettent ainsi, en théorie, de dépenser le minimum de ressources pour récupérer le maximum de valeur. L’idée était d’investir vite et de récupérer la valeur maximale très vite. Ce principe, bien connu sous le nom de "shareholders value", est la règle écrite depuis près de 50 ans et pratiquée depuis bien plus longtemps.

Cependant nos ressources sont limitées, et l’utilisation qui en est faite n’est pas optimale, pas toujours alignée avec les intérêts sociétaux. La recherche de profits à court terme peut s’avérer très coûteuse sur le long terme. Alimenter nos voitures ou nourrir la planète, soutenir la bourse ou éradiquer la misère, continuer à se droguer au pétrole ou préserver l’environnement…

Le choix d'investir

Ces choix sont bien des investissements, avec un bénéfice différent. A priori. Car lorsque ceux qui sont affamés commencent à quitter leurs terres pour rejoindre les eldorados des pays développés, ou lorsque des zones entières deviennent inhabitables et inexploitables, alors les perspectives changent. On revisite le concept de shareholders value, en expliquant qu’une "erreur d’interprétation" avait été commise, et qu’il n’est aujourd’hui plus question de maximiser la valeur financière à court terme pour les investisseurs, mais de l’optimiser, en tenant compte également des enjeux de long terme. Et voilà que la nouvelle race d’investisseurs est née, forte de sa nouvelle "Bible". L’énergie va manquer ? Qu’à cela ne tienne, nous mettrons enfin en route le concept de voitures électriques à grande échelle. Nous recouvrirons la Terre de panneaux solaires et d’éoliennes, et nous mettrons hydroliennes et centrales hydroélectriques dans toutes les eaux.

Notre système économique peine à trouver un équilibre entre avidité de l’homme et nécessité des populations et écosystèmes, mais force est de constater que les contraintes que les hommes s’imposent eux-mêmes finissent par les ramener vers la voie de la raison, ou tout du moins les mettent au pied du mur.

Il faut de l’investissement, et l’effort de tous, pour décarboner notre économie et pérenniser nos sociétés. Mais assurons-nous dès aujourd’hui que les panneaux solaires que nous plébiscitons ne sont pas toxiques, que les ressources que l’on utilise pour les produire ne sont pas plus limitées que le pétrole, et que ce changement nécessaire soit effectué par les puissants pour des raisons louables et dans un objectif de long terme. Autrement, le green business n’aura été qu’un relais de croissance formidable pour générer des profits. Une autre bulle, qui cette fois ne laissera pas que des lignes de code comme la bulle Internet, mais des déchets polluants et complexes partout sur notre fragile planète. Le green business oui, mais pas à n’importe quel prix, et pas avec n’importe qui.

Jérémy Lamri

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