Le projet Keystone XL reporté après les élections présidentielles

Sous la pression de la population du Nebraska et des manifestations écologistes, l’administration Obama annonce également un réexamen du tracé de l’oléoduc conçu pour transporter le pétrole brut des sables bitumeux d’Alberta jusqu’aux raffineries du golfe du Mexique.

Par GVadmin Modifié le 30 juillet 2012 à 16 h 51
Stop Keystone XL. © tarsandsaction (Flickr.com)

Sous la pression de la population du Nebraska et des manifestations écologistes, l'administration Obama annonce un réexamen du tracé de l'oléoduc Keystone XL - conçu pour transporter le pétrole brut des sables bitumeux d’Alberta jusqu’aux raffineries du golfe du Mexique - et un report de sa construction après les élections de 2012.

Un projet explosif pour une réélection?

Le 10 novembre 2011, le département d'État américain déclare dans un communiqué qu'il ordonne une révision immédiate de l’itinéraire de Keystone XL, proposé par la compagnie canadienne TransCanada, afin que celui-ci évite la zone sensible de Sand Hills dans le Nebraska, qui aurait été mise en péril en cas de rupture de canalisations. En effet, cette région connaît une forte concentration de zones humides, un écosystème fragile et des eaux souterraines peu profondes qui pourraient être menacées par un déversement de pétrole.

La construction, maintenant prévue pour 2012 - après les élections présidentielles, permettra à la fois au gouvernement d’éviter des attaques de la part de ses opposants mais aussi de se laisser du temps pour trouver des solutions acceptables pour l'opinion. Ce projet,  très controversé, enferme le président américain dans un étau politique : coincé d’un côté par la forte demande de pétrole et les milliers d'emplois que le projet apporterait, et de l’autre par les manifestations des défenseurs de l'environnement qui ont menacé de retirer leur appui électoral l’an prochain si ce projet devait être approuvé. Barack Obama s’explique dans un communiqué :

Je soutiens l'annonce faite par le département d'État au sujet de la nécessité de rechercher des compléments d’informations sur le projet de pipeline Keystone XL. Parce que cette décision pourrait affecter la santé et la sécurité du peuple américain ainsi que son environnement, et parce qu'un certain nombre de préoccupations ont été soulevées par le public, nous devons prendre le temps de nous assurer que toutes les questions soient traitées minutieusement et tous les impacts potentiels bien compris.

Il réaffirme aussi son engagement à mener une politique raisonnable et équilibrée entre une augmentation de la consommation de gaz et de produits pétroliers, et le développement de nouvelles solutions en faveur de la neutralité carbone.

Les partisans du projet grincent des dents

Alors que les écologistes américains et canadiens ont accueilli cette victoire temporaire avec enthousiasme, les motivations du président laissent certains sceptiques. Glenn Hurowitz, militant environnemental et chercheur principal au Center for International Policy, craint que ce sursis ne laisse la décision finale dans les mains du successeur de M. Obama.

De l’autre côté, les représentants de l'industrie du pétrole, certains syndicats et le gouvernement canadien, ont déclaré qu'ils étaient déçus par cette annonce. D'autant plus que le projet Keystone XL accuse déjà du retard et une perte de 7 milliards de dollars [5,22 milliards d'euros] sur l’année en cours. Andrew MacDougall, porte-parole du Premier ministre canadien Stephen Harper, accueille ainsi la nouvelle avec déception  :

Bien que nous soyons déçus de ce report, nous gardons espoir que le bien-fondé du projet sera reconnu et finalement approuvé.

TransCanada déclare quant à elle qu'elle travaillera avec le département d'État américain pour définir un nouveau tracé, tout en avertissant que tout retard supplémentaire pourrait remettre en cause le projet, et avec lui, des dizaines de milliers d'emplois, ainsi que des milliards de dollars de recettes.

Première victoire pour les écologistes

Aquifère Ogallala.
L'aquifère Ogallala est aussi appelé aquifère des Grandes Plaines. © Kbh3rd

Les fonctionnaires et citoyens du Nebraska, heureux de la nouvelle, reconnaissent avoir été sensibilisés au tracé proposé non seulement en raison des risques annoncés pour la région de Sand Hills, mais aussi parce qu'il devait traverser l'aquifère Ogallala, une source d’eau potable essentielle pour les Grandes Plaines. Le gouverneur du Nebraska Dave Heineman a fait pression pour que l'oléoduc soit dérouté :

Je suis heureux que les habitants du Nebraska aient été entendus. Nous avons essayé de faire passer le message que nous soutenons le projet d'oléoduc, mais que nous ne voulons pas qu’il passe sur l'aquifère Ogallala. J'espère que nous pourrons trouver une meilleure solution, changer son tracé et commencer alors sa construction.

Les opposants à Keystone XL dans le Nebraska ont salué la décision comme une victoire charnière - du moins pour l'instant. Jane Kleeb, directeur du Bold Nebraska, un groupe de défense des citoyens qui a fait pression pour bloquer le projet, explique :

Ceci change la donne pour notre État. Nous nous sommes battus nuits et jours pendant près de deux ans.

Et cela semble avoir donné des résultats… pour le moment, tout au moins.

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