Les centrales électriques qui cachent leurs émissions rattrapées par les autorités

Le ministère de l’Environnement a publié une liste de 8 centrales au charbon qui débranchent leurs installations de désulfuration et mentent sur les émissions qu’elles génèrent. Le public est furieux, d’autant que plusieurs sont des unités appartenant à des entreprises d’États.

Par GVadmin Modifié le 25 juillet 2012 à 16 h 41
Centrale à charbon. © puuikibeach (Flickr.com)

Le ministère de l’Environnement a publié une liste de 8 centrales au charbon qui débranchent leurs installations de désulfuration et mentent sur les émissions qu’elles génèrent. Le public est furieux, d’autant que plusieurs sont des unités appartenant à des entreprises d’États.

Système de désulfuration.
Système de désulfuration dans au sein de la centrale à charbon de Luohuang. © Mitsubishi Heavy Industries Ltd.

Les entreprises d’État en Chine sont au centre d’une vague de critiques depuis un certain temps. Accusées de faire des profits faramineux grâce à leur situation d’oligopole, d’être privilégiées par le pouvoir, de ne pas reverser leurs profits aux caisses de l’état comme ce devrait être le cas, et d’être le théâtre de vastes affaires de corruption, les représentants du capitalisme rouge exaspèrent le public chinois. Et cela risque de continuer avec cette nouvelle affaire.

Car on s’attend au moins à ce que les entreprises d’État soient à la pointe en matière de respect du personnel et surtout de protection de l’environnement. C’est le contraire qui semble se passer. Le ministère de l’Environnement a ainsi révélé que 8 centrales au charbon dispersées sur le territoire ne faisaient pas fonctionner correctement leurs installations de désulfuration. Cinq des usines visées appartiennent à ces sociétés nationalisées.

La désulfuration est un procédé faisant réagir la chaux avec le dioxyde de soufre produit par la combustion de la houille. Les procédés modernes permettent de supprimer 95% ou plus des émissions de SO2 générées par les centrales à charbon, qui produisent près de 80% de l’électricité chinoise. Rappelons que le SO2 est un polluant grave et dangereux pour la santé, responsable notamment des pluies acides. Mais ce procédé de désulfuration a un coût, même une fois l’investissement des installations amorti.

Inflation et pouvoir d'achat

Or les centrales électriques au charbon chinoises connaissent une période difficile. Le prix de la houille, fixé par le marché, ne cesse de progresser. En revanche, le prix de l’électricité, régulé par l’État, n’augmente pas à cause du souci qu’ont les autorités de limiter l’inflation pour le consommateur. Les propriétaires d’usines électriques sont donc dans la tourmente. Depuis début 2011, beaucoup ont tout simplement cessé de produire, faisant craindre un retour aux rationnements électriques généralisés. Les autres rognent sur les coûts, notamment en stoppant leurs installations de réduction des émissions et en falsifiant les rapports dédiés à l’administration.

La province du Guangdong dans le Sud chinois semble cependant moins touchée que les autres. Le responsable du réseau électrique de la province l’explique ainsi :

Certaines petites unités de production électrique qui sont équipées d’installations de désulfuration les débranchent discrètement la nuit. Mais depuis 2009, la province du Guangdong a établi un système de surveillance du niveau des émissions 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Les données sont envoyées et contrôlées en direct, et les voyants s’allument si les émissions dépassent les seuils autorisés.

Un système ultra-moderne qu’il serait bon d’imposer ailleurs au vu des dernières révélations du ministère de l’Environnement.

Aucun commentaire à «Les centrales électriques qui cachent leurs émissions rattrapées par les autorités»

Laisser un commentaire

* Champs requis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.