Un petit village d’irréductibles indiens résiste à l’envahisseur

Les habitants de Cherán n’ont pas eu besoin de potion magique pour protéger leur village. Face aux assauts des pilleurs de forêt et des narcotrafiquants, ils ont décidé de se gouverner eux-mêmes …

Par GVadmin Modifié le 19 juillet 2012 à 14 h 38

Les habitants de Cherán n’ont pas eu besoin de potion magique pour protéger leur village. Face aux assauts des pilleurs de forêt et des narcotrafiquants, ils ont décidé de se gouverner eux-mêmes et d’en finir avec la politique traditionnelle.

Lassé d’attendre en vain une aide de l’état, le village de Cherán organise lui-même sa défense et a décidé de congédier les autorités municipales. Cette petite bourgade des montagnes du Michoacán, peuplée de membres de l’ethnie Purépecha, s’est convertie en exemple d’organisation citoyenne en mettant en place une forme de gouvernance non reconnue par les lois locales.

Cherán s’est appuyé sur la législation internationale, en particulier la convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT) et la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

L’impitoyable guerre des cartels

Salvador, l’un des nouveaux dirigeants de la commune qui préfère taire son nom pour des raisons de sécurité, explique que les agressions des pilleurs de forêt liés aux narcotrafiquants rendaient la vie impossible aux habitants de Cherán:

Le crime organisé, les groupes paramilitaires, la mauvaise gouvernance, si nous les laissons faire, notre communauté finira par être exterminée.

Selon les chiffres officiels, la guerre de la drogue a déjà coûté la vie à 47 000 personnes depuis 2006, et l’état de Michoacán fait partie des secteurs les plus dangereux. La zone de Cherán est le théâtre d’une bataille sans merci, que se livrent deux puissants cartels de narcotrafiquants: la Familia Michoacana et les Caballeros Templarios.

Excédés par l’inaction des pouvoirs publics malgré plusieurs assassinats au sein de leur communauté, les habitants de Cherán ont décidé d’assurer eux-mêmes leur protection.

Des élections conformes aux traditions

Après avoir annoncé qu’ils ne reconnaissaient plus l’autorité des élus locaux, ils ont mis en place des postes de défense et des gardes armés à chaque entrée du village. Des patrouilles ont été organisées afin de garantir la sécurité de leurs rues. Cette attitude a attiré l’attention des médias et du gouvernement, qui a fini par envoyer des soldats sur les lieux pour sécuriser la zone.

Décidés à ne pas en rester là, les habitants du village ont boycotté les dernières élections, au cours desquelles ils devaient choisir un gouverneur, un maire et un député, pour désigner leurs autorités selon leurs propres coutumes. Toutes les personnes âgées de plus de 18 ans se sont réunies sur la place du village pour élire un conseil autonome, composé de représentants de chaque quartier. Ni urnes, ni bulletins de vote: les sympathisants se sont simplement rassemblés aux côtés du candidat de leur choix, avant d’être comptés pour savoir qui l’emportait.

Aujourd’hui, la violence a diminué et l’expérience de Cherán est suivie de près pour savoir si elle pourrait être reproduite avec succès au sein d’autres communautés autochtones à travers le pays.

Aucun commentaire à «Un petit village d’irréductibles indiens résiste à l’envahisseur»

Laisser un commentaire

* Champs requis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.