Débuts difficiles pour la députée sourde

Deux mois après son entrée au Parlement, Mojo Mathers, la première députée sourde du pays, marque l’histoire avec son premier discours traduit en langage des signes. Mais les obstacles sont encore nombreux…

Par GVadmin Modifié le 17 juillet 2012 à 16 h 13

Deux mois après son entrée au Parlement, Mojo Mathers, la première députée sourde du pays, marque l’histoire avec son premier discours traduit en langage des signes. Mais les obstacles sont encore nombreux.

Le Parlement Néo-Zélandais ne s'est pas encore adapté à l'accueil d'une députée sourde. ©midnighttonight (wikicommons)

Mojo Mathers a donné l’espoir à la communauté sourde de Nouvelle-Zélande en entrant au Parlement en décembre, et une forte visibilité pour le parti des Verts. Début février 2012, elle refait la une des journaux. Les nouvelles sont moins réjouissantes: les services parlementaires demandent à la députée de financer elle-même le salaire du personnel recruté pour interpréter les débats parlementaires en langue des signes.

Le coût est évalué à 30 000 dollars par an, soit la quasi-totalité du budget du bureau de la députée. Elle dénonce cette décision comme discriminatoire contre les sourds et contre les populations souffrant de handicap en général. La décision définitive du Parlement est promise pour le 7 mars. En attendant, le parti des Verts est «encouragé» à réfléchir pour trouver un budget.

Une langue officielle sans réelle reconnaissance

En Nouvelle-Zélande, la langue des signes est une langue officielle, au même titre que l’anglais et le maori. Le Parlement dispose d’un budget alloué aux services d’interprétariat de la langue maori, mais pas de la langue des signes. Les 30 000 dollars demandés à Mojo Mathers ne représentent pourtant que 0.17% de ce budget.

La question est d’autant plus douloureuse que les députés jouant avec le feu avec leurs frais professionnels font actuellement la une des journaux: 15 000 dollars pour une œuvre d’art, 8 000 pour une fête, les écarts sont nombreux…

L’association nationale pour la surdité considère l’annonce comme la plus décevante décision gouvernementale jamais vue. Elle encourage la députée à s’adresser à la Commission des Droits de l’Homme. La Nouvelle-Zélande n’a développé que très récemment le sous-titrage à la télévision, bien en retard sur les pays occidentaux, et même des pays en développement comme l’Ouganda. Le gouvernement devrait s’affirmer comme leader pour la participation de toutes les communautés à la vie politique, et cette discrimination financière est au contraire totalement décourageante.

Mojo Mathers est reconnue comme lourdement handicapée depuis ses deux ans. En arrivant au Parlement, elle a annoncé son intention de se battre pour les communautés handicapées. Comme elle l’a rappelé lors de son discours d’introduction cette semaine, le chemin est encore long. En se présentant aux élections pour la première fois en 2005, elle n’avait aucune idée des difficultés qui l’attendaient en tant que candidate et activiste sourde.

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