Fièvre de l’or en Amazonie, la face cachée de la crise

Depuis l’envolée des cours du métal jaune, des milliers d’orpailleurs clandestins ont envahi les zones les plus reculées d’Amazonie. Déversant des tonnes de mercure dans les cours d’eau et bâtissant des villages où prolifèrent armes, prostitution adolescente et eau-de-vie bon marché.

Par GVadmin Modifié le 16 juillet 2012 à 17 h 31

Depuis l’envolée des cours du métal jaune, des milliers d’orpailleurs clandestins ont envahi les zones les plus reculées d’Amazonie. Déversant des tonnes de mercure dans les cours d’eau et bâtissant des villages où prolifèrent armes, prostitution adolescente et eau-de-vie bon marché.

Conséquence de la crise économique, l'orpaillage clandestin se multiplie dans la forêt péruvienne. ©ActiveSteve (Flickr)

Les investisseurs, apeurés par la crise, continuent de se ruer sur l’or, valeur refuge par excellence. Et c’est l’incroyable réservoir de biodiversité de la jungle péruvienne qui en fait les frais. Dans la zone de Madre de Dios, certaines des réserves naturelles les plus importantes du Pérou sont menacées par la cupidité et l’irresponsabilité des chercheurs d’or clandestins, dont le nombre ne cesse d’augmenter.

Selon les estimations, la région compte entre 40 000 et 50 000 orpailleurs. Seulement 3% d'entre eux exerceraient leur activité de manière légale, sur des concessions officielles avec du matériel approuvé. Leur production représente environ un cinquième de celle du pays.

Les ravages de l’or illégal

Les travailleurs clandestins ont généralement recours à des méthodes d’extraction archaïques pour isoler les particules d’or présentes dans le sable. Les organisations écologistes de la région estiment qu’ils déversent chaque année quelques 35 tonnes de mercure dans les cours d’eau. Et ils sont responsables de la destruction d’une zone de 70 kilomètres carrés de forêt tropicale.

Les mineurs n’hésitent pas à s’enfoncer toujours plus profondément dans la jungle. Y naissent des villages qui échappent totalement à la loi. L’alcool bon marché coule à flot, les maisons closes remplies de jeunes mineures prospèrent, et les comptes se règlent à coup de fusil.

L’armée impuissante

Malgré les mesures prises par les autorités au cours de l’année 2011, le problème continue. Les actions coordonnées de la police, de l’armée, de la marine et des forces aériennes visant à saisir et détruire le matériel des orpailleurs se sont avérées insuffisantes pour lutter contre ce phénomène.

Dans cette région durement frappée par la pauvreté, les opportunités de travail sont rares. Presque tout le monde compte un mineur dans sa famille. Pour autant, des solutions existent. L’écotourisme s’impose par exemple comme une alternative dans la jungle de Madre de Dios et séduit un nombre croissant de visiteurs étrangers.

Le ministre de l’Environnement, Manuel Pulgar Vidal, a promis de faire mieux que son prédécesseur. Il devrait créer une loi qui donnera plus de pouvoir à l’État pour lutter contre l’exploitation illégale de l’or.

Mais, au vu des pronostics peu optimistes concernant l’économie mondiale pour 2012, tout porte à croire que la fièvre de l’or n’est pas près de retomber dans la région de Madre de Dios.

Aucun commentaire à «Fièvre de l’or en Amazonie, la face cachée de la crise»

Laisser un commentaire

* Champs requis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.