Shanghai s’enfonce sous le poids de ses gratte-ciels

Par Cathy Phouphetlinthong Modifié le 24 juin 2013 à 17 h 22

Comme 50 autres villes chinoises, Shanghai s’enfonce doucement dans la terre. C’est d’autant plus dangereux pour une ville côtière située sur le chemin des terribles typhons asiatiques. Une fissure dans une rue en plein centre ville alarme les autorités.

La ville chinoise s'enfonce peu à peu. © Flickr

Mi-février 2012, une longue fissure dans une rue au pied de l’emblématique Shanghai World Financial Center attire les employés des bureaux du quartier. Un mois plus tard, les conclusions de l’enquête sur les causes de cette curiosité inquiète: la construction du Shanghai Center voisin a causé un affaissement de terrain, entraînant la longue et large fissure sur le bitume.

L’affaissement général de Shanghai n’est pas une donnée nouvelle. C’est la première ville en Chine où ce phénomène a été détecté. Dès les années 1920, les scientifiques prouvent que Shanghai s’enfonce sous le poids de ses constructions. En presque cent ans, la ville a perdu 2 mètres de hauteur. Il suffit de se rendre sur les bords de la rivière de Suzhou pour constater le phénomène: la surface de l’eau est très souvent au-dessus de celle des quais.

La gravité du problème

Les causes de cet affaissement inexorable sont multiples. En dehors du poids des buildings de plus en plus hauts et nombreux, la surexploitation des eaux souterraines est le second facteur. Selon Zhang Weiran, professeur à l’université Tongji et expert du sujet, le sol de Shanghai est une véritable éponge.

Quand on enlève l’eau, ça s’affaisse.

Début 2000, le professeur Zhang a réuni une équipe d’académiques afin de sensibiliser l’opinion et les autorités à la gravité du problème. Son approche originale a été de quantifier économiquement les conséquences du phénomène. Le rapport Estimation des pertes dues à l’affaissement de la ville de Shanghai 2001 – 2020 est très apprécié par les autorités nationales de Pékin pour son professionnalisme. Il chiffre ces pertes à 24,57 milliards de yuans (environ 2,9 milliards d’euros). Cependant, avec du recul, Zhang Weiran estime que son équipe a fait des prévisions bien trop conservatrices.

A mon avis, les pertes cumulées seront plusieurs fois supérieures à la prévision d’origine. Plusieurs fois, des alertes au typhon ont été faites à Shanghai. Ils ont toujours dévié au dernier moment et Shanghai ne s’est jamais trouvé dans l’œil du cyclone. Mais ça arrivera fatalement un jour. Et ce jour là, avec le niveau général des terres, ce sera une inondation catastrophique.

L’étude originale n’avait pris en compte que quelques facteurs de pertes, dont les conséquences sur la fréquence et la gravité des inondations, l’impact sur les infrastructures et des constructions, etc. Cependant, l’affaissement de terrain peut être à l’origine de bien d’autres dégâts importants.

Malgré l’attention des autorités, le problème ne semble pas être maîtrisé.Monsieur Zhang regrette:

La construction de gratte ciels ne ralentit pas. Les golfs se multiplient dans les banlieues et pompent activement dans les réserves d’eau souterraines. On voit même des propriétaires de villas faire creuser des puits dans leur jardin privé.

Malgré les statistiques positives sur le ralentissement du phénomène publiées par le secrétariat du parti de Shanghai, Zhang Weiran n’est pas rassuré. Les 23 millions d’habitants de la capitale économique chinoise ne le sont sans doute pas non plus, depuis qu’ils voient les routes neuves du centre financier se fissurer comme dans un film sur la fin des temps.

1 commentaire on «Shanghai s’enfonce sous le poids de ses gratte-ciels»

  • Les Chinois ont voulu se developper a toute vitesse et chacun a voulu s’en foutre pleins les poches sans prendre en compte les consequences ecologiques ou sociales.
    Je vis a Singapour et vais souvent en Chine pour raisons professionelles, il m’est donc facile d’avoir une vision de l’avenir de ce pays.
    La Chine dans 20 ans ? Conflits sociaux interminaux et emeutes quotidiennes, qualite de vie plus faible qu’aujourd’hui du fait de l’inflation et des salaires qui commencent a stagner, destruction quasi-totale de la faune et de la flore, logements hors de prix, emigration massive vers les pays voisins et Occidentaux tellement ce sera devenu invivable. Probablement l’instauration d’un Etat-policier afin de contenir tout ce bordel.

    Répondre
Laisser un commentaire

* Champs requis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.