Un biocarburant de troisième génération

Par Cathy Phouphetlinthong Modifié le 6 juillet 2012 à 16 h 38

Le 30 mars 2012, les scientifiques indiens ont testé leur biodiesel réalisé à partir de micro-algues sur une voiture non modifiée. Prochaine étape, la commercialisation de ce biocarburant.

Un biocarburant en Inde. © Veee Man (Flickr)

Le ministre des sciences et technologies Vilasrao Deshmukh était présent pour ce grand test qui nous rapproche un peu plus d’une possible révolution énergétique. De la première génération de biocarburants et leur impact néfaste sur le prix des aliments, on pourrait vite passer à la troisième génération. Le biodiesel produit à partir des micro-algues constitue sans doute une solution à défaut des générations précédentes.

Le test constitue une étape importante d’un grand projet scientifique. Celui-ci est piloté par le conseil pour la recherche scientifique et industrielle (CRSI). Lancé en avril 2010, ce projet implique 9 équipes du CRSI réparties sur l’ensemble du territoire indien. Son responsable, Pushpito K Ghosh, est enthousiaste et place beaucoup d’espoir dans son produit, baptisé  ‘B100’:

A ce que je sache, nous sommes le premier pays au monde où le biodiesel aux micro-algues a été utilisé comme carburant pour une voiture. Aucune modification n’a été apportée sur le véhicule du test. En développant le B100, nous nous sommes imposés qu’il ne compromette aucune fonction d’un véhicule diesel classique. La consommation est d’ailleurs analogue à celle qui existe avec un carburant classique.

Le ministre Deshmukh a annoncé que les autorités allaient travailler sur un plan pour la commercialisation de ce biocarburant sur le marché indien. Mais quelques difficultés restent à franchir. A commencer par la réduction du coût de production.

Pour l’instant, le B100 revient à 150 roupies par litre (environ 2,2 euros). Notre premier objectif est d’atteindre le coût des biocarburants à base de maïs et de canne à sucre. Ensuite, il faudra faire aussi bon marché que le pétrole.

Les scientifiques ont déjà des pistes bien identifiées pour y arriver:

Le sous-produit de la production peut être valorisé pour l’alimentation animale. On peut augmenter le rendement: on n’arrive à extraire que 10% de l’énergie contenue dans les microorganismes, et on compte rapidement arriver à 20%. D’autre part, les algues se reproduisent environ seulement 120 jours par an. Si on arrive à leu cultiver tout au long de l’année, ça contribuera aussi à réduire le coût de production.

Si ces problèmes sont résolus, le B100 pourrait rapidement contribuer significativement au mix énergétique indien. Ce biodiesel semble en effet promettre des merveilles. Ajit Haridas, l’un des scientifiques participant au projet, l’explique ainsi:

Les micro-algues sont cultivées sur des terres en friche, pas besoin d’entre en concurrence avec les terres consacrées à l’alimentation. D’autre part, la base des biocarburants actuels, comme la Jatropha, sont récoltés rarement (tous les 6 mois). Mais pendant la saison, on peut faire chaque jour une récolte de micro-algues.

Les 5 à 10 ans de délais annoncés pour la commercialisation du B100 paraissent un peu long. La demande nationale actuelle en gazole est de 60 millions de tonnes par an. Une demande qui n’arrête pas de grimper, dans un contexte de hausse des prix et de diminution de l’offre. D’où la motivation du projet, comme le rappelle son responsable Pushpito K Ghosh:

On a besoin d’une approche en plusieurs volets pour résoudre la crise énergétique. Un seul type de carburant ne permettra pas de s’en sortir. On a besoin d’une combinaison de pétrole et de biocarburants.

Dont une bonne part sera peut-être rapidement assurée par le B100.

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