Une intouchable élue maire d’un village autrefois symbole de discrimination

Shantuben Jitiya, tante d’un jeune homme assassiné en 2005 pour ses revendications de caste, a été élue sarpanch de son village. Une victoire qui ne doit pas cacher une situation encore injuste pour les représentants des castes les plus basses.

Par melanie.mangold Modifié le 19 juin 2012 à 17 h 43

Shantuben Jitiya, tante d’un jeune homme assassiné en 2005 pour ses revendications de caste, a été élue sarpanch de son village. Une victoire qui ne doit pas cacher une situation encore injuste pour les représentants des castes les plus basses. 

Une petite fille Dalit. © Gamdrup

2005, Hajipar, un village de 2000 âmes du district de Bhavnagar. Le jeune Vijay, un ‘intouchable’, est brûlé vif par des inconnus. Son crime : avoir revendiqué des droits pour les dalits. Un drame encore trop souvent considéré comme un regrettable fait divers au pays d’Ashoka.

En 7 ans, les progrès sont nets. La tante du jeune homme, Shantuben Jitiya, a été élue sarpanch du village (fonction correspondant à celle de maire en France). Elle et son mari, Rajubhai Jitiya sont des militants des droits pour les laissés pour compte de la société indienne. Leur ardeur a été récompensée. Shantuben Jitiya déclare:

« Il y a quelques années, on n’avait pas le droit de puiser l’eau au puits du village. On ne pouvait pas entrer dans le temple. Mais nous sommes déterminés à faire changer les choses. Aujourd’hui, j’ai été soutenue par une majorité de citoyens qui sont des classes supérieures, dont les assassins de mon neveu sont issus. Ils viennent chez moi et ne croient plus à l’intouchabilité. »

Une victoire certes, mais qui n’annonce en rien la fin des misères pour les dalits du reste de l’Inde. Même Mahatma Gandhi a eu une attitude ambiguë sur la question des castes. Cela a été la raison du conflit qui l’a opposé au père de la constitution et héros des dalits, Babasaheb Ambedkar.

Un Indien prenant parti pour Babsaheb Ambedkar. ©upliftthem

Que de chemin parcouru en un demi siècle ! Le jour de l’élection de Shantuben Jitiya, la presse est aussi remplie des déclarations d’un autre intouchable, le président du Panchayat (conseil municipal) de Kadaneri. Il ose à peine entrer dans le bâtiment du conseil, est ostensiblement ignoré par ses collègues, et doit même rester debout en présence du vice président…

Peut-être que l’exemple de Jitiya servira de leçon aux nombreux discriminateurs. Les déclarations des électeurs de la nouvelle maire dalit pourront les aider à changer d’attitude.

« Shantuben et son mari travaillent de manière désintéressée. Par exemple, en 2012, on n’a toujours pas accès à l’électricité. Elle nous a promis de changer cela si elle était élue. Comme tout ce qu’elle a fait pour l’amélioration des conditions de vie dans le village parle pour elle, on lui a fait confiance, en mettant de côté les considérations de castes ».

Quand les minorités injustement discriminées peuvent oublier leur rancœur et se mettre au service de toute la communauté, tous s’inclinent naturellement avec un profond respect.

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