La principale compagnie pétrolière perd le contrôle

Accusé d’avoir liquidé les actifs d’YPF au profit des actionnaires, sans investir pour l’indépendance énergétique du pays, le pétrolier Repsol se fait confisquer sa filiale sud-américaine. Colère de l’Espagne, qui freine ses importations de biodiesel argentin.

Par Cathy Phouphetlinthong Modifié le 15 juin 2012 à 17 h 02

Accusé d’avoir liquidé les actifs d’YPF au profit des actionnaires, sans investir pour l’indépendance énergétique du pays, le pétrolier Repsol se fait confisquer sa filiale sud-américaine. Colère de l’Espagne, qui freine ses importations de biodiesel argentin.

La renationalisation de Repsol, une décision importante pour le pays. © ser... (flickr)

Privatisé dans les années 1990 par le président Carlos Menem, le fleuron de l’industrie pétrolière argentin YPF retourne aux mains de l’État. La présidente Cristina Kirchner a annoncé l’expropriation partielle de l’entreprise et confisque 51% des capitaux détenus par l’espagnol REPSOL.

Il ne s’agit pas d’une nationalisation, mais plutôt d’une “récupération”. La compagnie continuera de fonctionner comme une entreprise privée et sera dotée de directeurs professionnels. Les 51% expropriés seront détenus à hauteur de 26,01% par la nation, tandis que les 24,99% restants seront aux mains des provinces productrices de pétrole.

La décision est venue rompre le climat amical caractérisant les relations entre Buenos Aires et Madrid. L'’Espagne promet diverses mesures de rétorsion. Ces menaces font craindre un recul des investissements étrangers en Argentine, et se sont déjà traduites par des représailles commerciales. Le gouvernement de Mariano Rajoy a annoncé qu’il allait freiner les importations de biocarburant argentin, dont le montant atteignait plus d'un milliard de dollars en 2011.

Une entreprise sacrifiée sur les marchés

La décision de Cristina Kircher a surpris les marchés par sa brutalité, mais n’a pas vraiment choqué les argentins. Ils soutiennent sa décision et voient d’un bon œil la renationalisation partielle de la plus grande entreprise du pays.

Autrefois exportatrice, l’Argentine a dû importer en 2011 près de 10 milliards de dollars de pétrole et doit combler au plus vite le déficit énergétique qui plombe les finances publiques. Une situation due à la baisse continue de la production nationale au cours de la dernière décennie, malgré d'importantes réserves.

L'État accuse les compagnies pétrolières, en particulier YPF, d'avoir privilégié les profits à court terme en sacrifiant l'indépendance énergétique du pays. Selon les fonctionnaires du gouvernement argentin, depuis que Repsol a pris le contrôle de la compagnie, le montant des dividendes versés aux actionnaires par YPF serait supérieur aux recettes de l’entreprise.

Quel futur pour YPF ?

L’opposition dénonce de son côté une expropriation contraire aux intérêts du pays. Les auteurs de cette renationalisation sont ceux qui défendaient la privatisation d’YPF. La crise énergétique n’est pas nouvelle. Le refus du gouvernement à payer le pétrole à son prix international a empêché les investissements nécessaires au cours des dernières années.

Cristina Kirchner doit à présent garantir une augmentation rapide de la production d’YPF, qui nécessitera d’importants investissements. Les caisses de l’État étant vide, celui-ci devra faire appel aux compagnies privées, avec le risque de retomber dans la même spirale de profits à court-terme.

Les groupes pétroliers Total, Petrobras (Brésil) et Exxon (Etats-Unis) ont déjà fait savoir qu’ils étaient disposés à collaborer avec la nouvelle YPF.

Pour en savoir plus, ieco.clarin.com, ieco.clarin.com et clarin.com

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