Quand l’agriculture fait les frais des prix du pétrole

Le Kirghizstan était célèbre sous l’URSS pour sa production de lait, de viande et des fruits et légumes. Mais l’autosuffisance alimentaire a disparu dans ce pays d’Asie centrale, où la dépendance aux importations pèse sur la sécurité alimentaire.

Par Cathy Phouphetlinthong Modifié le 3 mai 2012 à 10 h 18

Le Kirghizstan était célèbre sous l’URSS pour sa production de lait, de viande et des fruits et légumes. Mais l’autosuffisance alimentaire a disparu dans ce pays d’Asie centrale, où la dépendance aux importations pèse sur la sécurité alimentaire.

Avec des prix élevés, se nourrir devient trop difficile. © Noviceromano (Flickr)

De 2006 à 2010, le nombre d’agriculteurs a chuté pour n’atteindre que 8%, la plupart abandonnant leurs exploitations pour la capitale, Bichkek. Koubanytchbek Oumetiv, ancien cultivateur de pommes de terre arrivé à Bichkek en 2006, explique:

Ça ne vaut plus le coup d’être agriculteur ici. Il n’y a pas de marché de distribution. Les prix ont augmenté avec ceux du pétrole. C’est moins cher de prendre un vol pour la Chine et de rapporter des produits pour les revendre. Beaucoup d’anciens agriculteurs le font.

La volatilité des prix de l’essence pousse de nombreux agriculteurs à quitter leurs terres, selon Talant Aldachev, directeur du Mountain Societies Development Support Program et membre du Réseau de développement de projets d'Aga Khan.

L’instabilité des frontières est un autre problème, comme la fermeture récente et unilatérale des frontières de l’Ouzbékistan et du Kazakhstan, des marchés potentiellement lucratifs.

Le marché est tellement imprévisible que les agriculteurs ne savent plus ce qu’ils doivent planter. Talant Aldachev déplore,

« Sans aide de l’État, comme la signature d’accords d’exportation, le marché continuera à s’écrouler. »

Qui plus est, le ministère de l’Agriculture vient d’annoncer que la vente de pommes de terre à la Russie et au Kazakhstan devrait rester basse, ces deux pays augmentant leur propre production.

Les Nations Unies considèrent le Kirghizstan comme un pays vulnérable. Elizabeth Zalkind, porte-parole du Programme alimentaire de l’ONU au Kirghizstan commente:

« Les familles les plus pauvres dépensent nettement plus pour se nourrir, en raison de la hausse des prix. En réduisant la taille de leurs repas et se privant de viande, ils mettent leur santé en danger. »

Si les autorités sont conscientes du problème, elles s’en remettent pour l’instant aux donateurs pour les aider. Mirbek Borbachev, conseiller du ministre de l’Agriculture, s'est exprimé lors d'une conférence d'avril 2012:

« Le Kirghizstan n’a pas les moyens d’assurer sa sécurité alimentaire. Les deux seuls produits que l’on exporte plus que l’on importe sont le lait et le miel. »

Pour Rakhman Burkhanov, producteur de pommes de terre, la crise agricole secoue autant les agriculteurs que la chute de l’URSS il y a 20 ans.

« Nous ne savions rien du marché. Mais il fallait bien survivre. »

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