À quand l’éducation sans violence ?

Pour bien des parents, la fessée occasionnelle ou la paire de baffes restent la meilleure manière d’affirmer leur autorité. Encore considérées comme des méthodes éducatives valides, ces violences ont parfois des conséquences dramatiques.

Par Cathy Phouphetlinthong Modifié le 8 juin 2012 à 15 h 57

Pour bien des parents, la fessée occasionnelle ou la paire de claques restent la meilleure manière d’affirmer leur autorité. Encore considérées comme des méthodes éducatives valides, ces violences ont parfois des conséquences dramatiques.

La violence a une trop grande place dans l'éducation en Amérique latine. © abroaderviews (Flickr)

Trois enfants chiliens sur quatre sont victimes de mauvais traitements, physiques ou psychologiques, selon une enquête menée en 2006 par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF). Soledad Larraín, psychologue experte des maltraitances de l'Unicef l'explique:

« La violence fait partie intégrante des règles d’éducation et d’interaction entre parents et enfants. »

Si les violences graves ont diminué, passant de 34,3% en 1994 à 25,9 % en 2006, elles se maintiennent encore à un niveau extrêmement inquiétant. D’autant plus que dans le même temps, les violences psychologiques ont grimpé de 6,7 % et concernent 21,4 % des enfants.

L’ONG Activa a dénombré 12 décès d’enfants pour divers actes de violence en 2011, contre 9 seulement pour l’année 2010.

Les parents chiliens seraient-ils pires que les autres ? Pas vraiment, indique la spécialiste. Selon elle, la situation est plus ou moins identique dans toute l’Amérique latine, mais il existe trop peu d’études pour pouvoir procéder à des comparaisons.

Une violence selon les milieux

En règle générale, c’est la mère qui est responsable de la majorité des mauvais traitements, car la responsabilité de l’éducation des enfants repose sur elle. Si la violence infantile est commune à toutes les classes socio-économiques, des différences  apparaissent selon les milieux.

Les actes de violence physique grave sont souvent liés à des secteurs de faibles ressources économiques, tandis que les agressions psychologiques sont plus courantes parmi les classes aisées. Une tendance que l’on retrouve chez les femmes battues.

La spécialiste de l’Unicef insiste sur l’urgence de générer un changement culturel affirmant clairement que la violence n’est pas une méthode d’éducation valide:

« Les études démontrent que les mauvais traitements psychologiques provoquent des dommages sur la santé mentale des enfants, […] que la société devra ensuite assumer. »

Le principal obstacle rencontré par les ONG dans leur lutte contre la violence envers les enfants est le “tabou” qui veut que les évènements du cercle familial restent privés.

Soledad Larraín déplore:

« Les états et les gouvernements évitent à tout prix de s’immiscer dans l’intimité familiale, sans comprendre que si les droits des enfants sont mis en péril, les autorités ont pourtant le devoir de les protéger. »

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