Les satellites percent à jour les secrets des raies manta

Une équipe scientifique internationale étudie pour la première fois les trajets migratoires des raies géantes grâce à une technique de suivi satellitaire. Décimée pour les besoins de la médecine chinoise ou pour servir d’appât, l’espèce est menacée.

Par Cathy Phouphetlinthong Modifié le 24 mai 2012 à 10 h 13

Une équipe scientifique internationale étudie pour la première fois les trajets migratoires des raies géantes grâce à une technique de suivi satellitaire. Décimée pour les besoins de la médecine chinoise ou pour servir d’appât, l’espèce est menacée.

Des scientifiques, à la poursuite des raies manta. © Nivcoboxethai

Les déplacements étudiés en temps réel

Dans le golfe du Mexique, les chercheurs emploient les grands moyens pour en savoir plus sur les raies manta. Ces animaux sont d'étranges poissons plats dont l’envergure peut atteindre 8 mètres. Une collaboration entre l’ONG américaine Wildlife Conservation Society (WCS), l’Université anglaise d’Exeter et une commission gouvernementale mexicaine a permis d’équiper plusieurs individus d’émetteurs satellite. Ces technologies permettent de suivre leurs déplacements et de mieux connaître leur comportement.

Rachel Graham, auteure de l’étude, souligne l’importance de ces recherches:

« Nos données collectées en temps réel éclairent le monde jusqu’à présent inconnu de ce poisson mythique et aideront à concevoir et mettre en œuvre des stratégies de préservation. »

À la poursuite du plancton

Ces travaux permettront de déterminer si les zones d’alimentation des raies manta correspondent bien aux territoires protégés. Dans le cas contraire, il est nécessaire de modifier leur distribution.

Malgré leur aspect effrayant, ces étranges créatures marines sont inoffensives. Elles se nourrissent de zooplancton et d'œufs de poisson.

Grâce au contrôle satellite, les scientifiques ont découvert que les raies manta passaient très peu de temps dans les zones protégées. Elles se trouvent souvent sur les routes maritimes les plus fréquentées, ce qui les rend vulnérables au risque de collision avec les navires.

Leurs déplacements sont dictés par les variations de concentration de nourriture: les raies se contentent de suivre les courants les plus chargés en zooplancton ou en œufs de poisson, principalement ceux de thonine commune (Euthynnus alleteratus).

L’amplitude de leurs trajets a été une surprise pour les chercheurs. Pendant les deux mois de surveillance, les raies sont restées dans les eaux territoriales mexicaines mais ont parcouru jusqu’à 1100 kilomètres.

Une nouvelle espèce ?

Malgré une loi fédérale interdisant leur capture au Mexique, les populations de raies manta sont en déclin au niveau mondial. Certains pêcheurs utilisent leur chair pour appâter les requins. Mais c’est surtout la demande croissante de branchies séchées utilisées dans la médecine chinoise qui décime l’espèce.

La chercheuse signale l’impact d’un « tourisme très important qui auparavant se concentrait uniquement sur les requins-baleines et qui désormais inclut aussi les raies manta ».

Seules deux espèces de raies géantes ont été décrites. Mais selon Rachel Graham, il semblerait que le Golfe du Mexique et les Caraïbes abritent une troisième population, encore inconnue. La prochaine étape pour les chercheurs consistera à déterminer les spécificités de cette nouvelle espèce très semblable à la manta birostris, pour mieux la protéger.

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