La transition vers l’économie verte est loin de susciter un consensus

Thème central de la conférence Rio+20, cette transition vers une économie verte fait l’objet d’interprétations contradictoires entre les pays, les organisations sociales et les économistes.

Par melanie.mangold Publié le 16 juin 2012 à 0 h 03

Thème central de la conférence Rio+20, la transition vers une économie verte fait l’objet d’interprétations contradictoires entre les pays, les organisations sociales et les économistes. La grande question est de savoir comment l’économie va se réorganiser pour faire face aux problèmes sociaux comme la lutte contre la pauvreté et la réduction des inégalités dans un scénario où les limites physiques de la planète sont de plus en plus évidentes.

La croissance de l'économie : un facteur clé

7 milliards d’habitants qui aspirent à un niveau de vie toujours plus élevé mettent à mal la préservation de l’environnement. Dans le même temps, la croissance de l’économie reste le facteur clé de succès pour tous les pays.

Dans ce contexte, l’ONU propose un investissement annuel de 2% du PIB global dans dix secteurs-clés de l’économie pour ces prochaines décennies. Cela suffirait à initier un changement sur le chemin de l’économie verte et permettrait de créer des millions d’emplois, selon les estimations des Nations Unies.

Cette proposition fait partie d’un rapport publié en 2011 par le PNUMA (Programmes des Nations Unies pour l’Environnement), qui sera le point de départ des discussions de la conférence Rio+20.

Le montant, équivalent à 1 300 milliards de USD par an, aiderait à moderniser et à « nettoyer » dix secteurs: agriculture et pêche, construction, énergie, forêts, industrie, tourisme, transports, eau, déchets et métropoles.

Mais qui va payer la note ?

D’après le PNUMA, les ressources pourraient provenir de subventions des gouvernements et de l’initiative privée, via des investissements directs. Ceci donnerait un élan aux technologies de faible consommation carbone.

Steven Stone, chef du Département d’Economie et Commerce du PNUMA, affirme:

Cela peut sembler un montant énorme, mais les gouvernements dépensent tous les ans de 2% à 3% de leur PIB en subventions qui ne font que perpétuer un usage non durable des ressources

.

Il cite en exemple les subventions versées aux industries de combustibles fossiles – environ 500 milliards de USD par an - et à l’agriculture traditionnelle, environ 350 milliards de USD par an. Il explique:

« Si les gouvernements commençaient par rediriger ces subventions nuisibles et obsolètes vers l’économie verte, ce serait un grand pas en avant ».

Un concept qui ne plait pas à tout le monde

Le concept d’économie verte est loin d’obtenir un consensus. Nombreux sont les pays qui, lors des discussions visant à l’ébauche d’un document final pour Rio+20, réfutent cette définition proposée par l’ONU. Le groupe des pays pauvres et en développement, le G-77, craint que le spectre de l’économie verte ne soit qu’un artifice des pays riches pour leur vendre des technologies couteuses.

Le Brésil endosse la position du G-77, bien qu’il admet bénéficier d’une transition vers l’économie verte, grâce à sa matrice énergétique plus propre que celle des autres membres du groupe.

L’ambassadeur Luiz Alberto Figueiredo, secrétaire exécutif de la Commission Nationale du Rio+20, reconnaît:

« Il n’y a pas de consensus à propos de l’économie verte. Mais nous voulons montrer que chaque pays trouvera son chemin vers un développement durable. L’économie verte est un instrument pour cela ».

La définition de l’économie verte faite par l’ONU ne satisfait pas non plus les mouvements sociaux. Le Sommet des Peuples, événement parallèle à Rio+20, regroupe des ONG qui affirment que le concept n’est rien d’autre qu’une tentative de « peindre en vert » le néolibéralisme. Et ceci sans révision profonde des règles prédatrices de l’économie de marché.

Ces organisations sont contraires à la proposition visant à attribuer une valeur économique, c’est-à-dire établir des prix, à des services rendus par la nature, comme la production de l’eau, la régulation du climat par les forêts et la pollinisation des exploitations agricoles.

L’idée fait partie d’une série de rapports de l’ONU sur l’économie de la biodiversité, dirigés par l’économiste indien Pavan Sukhdev.

Pedro Ivo, coordonnateur du Sommet des Peuples, affirme:

« L’économie verte s’est muée en idéologie. Il y a des opinions contradictoires, parmi les mouvements sociaux, sur la façon d’appréhender les services de la nature. Même si cela représente une source de revenus pour les agriculteurs et les peuples traditionnels ».

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