Des pontons lumineux pour une pêche durable

Les eaux du Pacifique central et occidental comptent parmi les zones de pêche les plus importantes du monde. Plus de la moitié des thons utilisés pour les conserves mondiales nagent dans ces eaux et la faune marine représente la principale source de protéines des populations locales.

Par melanie.mangold Publié le 19 juin 2012 à 0 h 16

Les eaux du Pacifique central et occidental comptent parmi les zones de pêche les plus importantes du monde. Plus de la moitié des thons utilisés pour les conserves mondiales nagent dans ces eaux et la faune marine représente la principale source de protéines des populations locales. Pourtant la région est menacée. L’une des trois principales espèces de thon de la région est surexploitée et selon des groupes écologistes, une deuxième espèce fait l’objet d’une exploitation non durable. Bien que les industries thonières affirment que la plupart des prises sont viables, la recherche assure que 25 à 45 % d’entre elles sont illégales ou ne sont pas signalées.

Le thon, un poisson menacé par la pêche.© mtkopone (Flickr)

Un programme ambitieux

Le Secrétariat général de la communauté du Pacifique (aussi appelé la CPS) a mis en place un programme de marquage, le plus important au monde, qui permet de suivre depuis 2004 plus de 350 000 poissons. Trois espèces de thons sont concernées : bonite, albacore et thon obèse. Des milliers d’étiquettes arrivent chaque mois à la CPS, en provenance de conserveries du monde entier. Les informations récoltées permettent d’élargir les connaissances sur les thons et de suivre l’évolution des populations, y compris par le biais de modèles simulant leur adaptation aux changements environnementaux.

D’après Johann Bell, chargé de recherche halieutique (changement climatique), les changements climatiques vont probablement pousser les grands bancs de thons vers l’est dans les décennies à venir, avec un impact économique important pour les pays de l’ouest du Pacifique. Il explique:

« Ce n’est pas qu’ils ne pourront plus attraper aucun thon mais leur nombre devrait baisser et les thons pourraient être plus difficiles à attraper ».

Afin de rendre la pêche plus aisée, la CPS encourage les populations à placer des dispositifs de concentration de poissons plus près du littoral.

Un ponton lumineux qui attire les poissons

Les chercheurs de la CPS ont passé des années à chercher comment sauver les récifs de la surpêche tout en continuant à nourrir les habitants des vingt-deux États insulaires de la région. Quand ils ont pris conscience de l’abondance de petits poissons vivant juste sous la surface de l’eau, près des littoraux, ils ont passé un an à construire un ponton utilisant des lumières pour attirer les poissons. L’engin flottant est enfin à l’essai. Il s'agit d’un radeau de 10m2, baptisé bagan, qui possède douze lampes destinées à attirer les poissons. Comme les poissons encerclent le radeau, les lumières sont baissées, de façon à n’en laisser qu’une, au centre. Lorsque suffisamment de poissons sont rassemblés, principalement des sardines, des pilchards et des anchois, un grand filet ramène la prise.

Michel Blanc, le directeur du programme, déclare:

« On peut attraper des seaux de petits poissons ».

Il explique que la consommation de petits poissons est écologiquement viable et les petits poissons nutritifs (ils sont riches en huiles oméga) et nombreux. Ils ont une durée de vie brève, un développement rapide et une reproduction précoce qui les rend plus résistants à la pêche. Il explique:

« [Consommer des petits poissons] est une chose sensée à faire dans le contexte de la sécurité alimentaire et de la surpêche des réserves de poissons ».

La réussite du programme dépend du bagan, mais également de la volonté des populations locales à modifier leurs habitudes et à consommer ces petits poissons. Compte tenu des menaces pesant sur la sécurité alimentaire dans la région, il ne devrait pas être difficile de convaincre les populations locales.

Bien que la prise ait été modeste lors de l’essai, les poissons se sont vendus en une heure sur le marché local.

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