La RSE doit disparaître pour survivre

Greenbiz et Ernst&Young viennent de publier les résultats d’un sondage auprès d’un groupement de professionnels et de leaders d’opinion dans le domaine du développement durable en entreprise, l’Intelligence Panel, qui regroupe près de 300 participants de 24 secteurs d’activité différents.

Par Guillaume de Vesvrotte Modifié le 30 octobre 2013 à 8 h 36

Greenbiz et Ernst&Young viennent de publier les résultats d’un sondage auprès d’un groupement de professionnels et de leaders d’opinion dans le domaine du développement durable en entreprise, l’Intelligence Panel, qui regroupe près de 300 participants de 24 secteurs d’activité différents (essentiellement américains).

Très présent dans les entreprises outre-atlantique, le développement durable est une problématique intégrée à la stratégie, comme la satisfaction client ou la qualité produit.

Les entreprises développent une stratégie DD en suivant différentes motivations: La réduction des coûts et la satisfaction des parties prenantes arrivent en tête avec la gestion du risque (entre 60 et 70% des réponses), suivies de près par l’espérance de générer des revenus. La réglementation est à l’origine de 37% des stratégies RSE.

Dans les grandes lignes:

1. Les rapports RSE sont de plus en plus nombreux.

Face à une forte demande de transparence de la part des parties prenantes et des consommateurs, mais aussi des actionnaires et des investisseurs, les rapports RSE se sont multipliés, parfois plus d’une fois par an. Du coup, le besoin d’outils spécialisés et personnalisés se fait sentir, et 75% des rapports sont faits à partir de modèles pré-établis génériques tels que le plan de la Global Reporting Initiative. Étrangement, les vérifications indépendantes de ces rapports RSE ne sont pas confiées aux cabinets experts en développement durable en majorité, mais plutôt aux cabinets d’expertise comptable et de commissaires aux comptes.

2. Un rôle croissant de la direction financière

Elle gère de plus en plus la relation avec les fournisseurs et les investisseurs, la vérification opérationnelle et du risque financier, et les activités de gestion. C’est l’une des raisons pour lesquelles les reportings RSE côtoient de plus en plus les données financières.

3. Les employés sont d’importantes parties prenantes

Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, la transparence semblait surtout nécessiter un travail envers les clients et les investisseurs. Mais les collaborateurs se trouvent exprimer un besoin important de transparence. Ils arrivent maintenant au deuxième rang, devant les investisseurs, des parties prenantes qui motivent les stratégies RSE.

Pour inciter les employés, à la fois public et acteurs du développement durable dans leur entreprise, à être plus responsables, les outils incitatifs sont plus participatifs: chasse aux bonnes pratiques, conception de stratégies personnelles, programmes de reconnaissance… Les entreprises interrogées identifient leurs employés comme de puissants promoteurs de leur stratégie RSE, et les placent au centre de leurs actions.

4. L’environnement reste l’axe le plus travaillé.

Près de 75% des répondants souhaitent mettre en place des actions pour réduire les gaz à effet de serre, et déclarent publiquement leurs émissions. Ils agissent en éduquant leurs fournisseurs et partenaires. L’eau est le deuxième sujet de préoccupation des entreprises, dont 62% déclarent publiquement leur consommation d’eau.

L’environnement est le plus abouti des sujets inclus dans le développement durable pour ces structures. Il correspond le plus clairement aux attentes des clients et permet un contrôle plus simple en terme de réputation, mais il touche aussi directement l’appareil productif et la rentabilité. L'environnement permet d’anticiper des avancées règlementaires de façon plus concrète. Rappelons qu’aux États-Unis, la réglementation fédérale en terme d’environnement est encore plutôt en retard au niveau des gaz à effet de serre notamment.

5. Plus de sensibilisation à la rareté des ressources.

La prise de conscience quant à l’épuisement des ressources naturelles a commencé à faire son chemin. Les contraintes présentes ou à venir sont concrètes dans l’esprit des managers: difficultés d’approvisionnement, politique et géopolitique, fluctuations des marchés, ont conduit les entreprises à prendre en compte une mutation profonde de leur environnement dans leur stratégie. Leur public étant aussi informé qu’elles-mêmes sur leurs pratiques, et leur marché tendant à se restreindre, les entreprises sont contraintes d’apporter des solutions crédibles à la raréfaction des ressources. Plus des trois quarts des chefs d’entreprises interrogés déclarent prendre en compte cet aspect dans la conception de la stratégie à long terme de leur entreprise.

6. Les classements RSE sont pris très au sérieux

Les entreprises recevraient en moyenne plus de 300 sondages et questionnaires sur le développement durable par an. Si elles y répondent, c’est parce que nombre d’entre elles ont remarqué que les milieux financiers et les investisseurs et leurs différents publics (clients, media, etc), faisaient de plus en plus attention à ces données.

 

La conclusion de GRDV

Conseil :

Rappelons que 75% des répondants à cette enquête sont Américains, ce qui explique l’implication plus concrète des entreprises, et la part croissante du rôle des directions financières. Cependant, c’est un indicateur fiable des évolutions futures à court terme dans les entreprises européennes, dont un certain nombre ont déjà pris part à cette enquête. C’est clair: la RSE ne restera pas un secteur d’activité à part entière, et la spécialité ne tardera pas à parvenir à maturité. Les cabinets de conseil doivent en tenir compte et développer et spécialiser leur offre pour ne pas devenir ce que sont aujourd’hui les agences de communication.

Cependant le sujet ne disparaitra pas pour autant des prompteurs, bien au contraire. C’est en s’intégrant de plus en plus profondément, comme la Qualité à une certaine époque, dans les gênes des entreprises et dans leurs fonctions internes, qu’il deviendra inévitable et sera une composante de chaque branche de l’entreprise, et non plus un parent pauvre pour lequel des actions ponctuelles sont envisagées régulièrement. Déjà identifié comme un levier de croissance par de nombreuses entités, il sera progressivement « avalé » par les différentes directions de l’entreprise, qui ont repris la main sur cet aspect de leur activité et deviennent aujourd’hui de vrais moteurs d’innovation.

Il est vital pour les métiers du conseil d’intégrer cette évolution, et d’y participer en aidant leurs client à intégrer la RSE à leur stratégie en créant des outils adaptés et uniques, afin de rester des interlocuteurs précieux, avec une vraie valeur ajoutée, dans la conception de la stratégie des entreprises.

Guillaume de Vesvrotte

L’étude est disponible ici

GRDV Conseil est un cabinet de conseil en marketing stratégique expert dans les politiques RSE : http://www.grdv-conseil.com

GRDV Conseil est aussi la maison mère de l’agence de communication dédiée aux ONG, Albert Gamote : http://www.albert-gamote.com

1 commentaire on «La RSE doit disparaître pour survivre»

  • Bonjour Guillaume. Je te cite : “Les cabinets de conseil doivent en tenir compte et développer et spécialiser leur offre pour ne pas devenir ce que sont aujourd’hui les agences de communication.”
    Que sont devenues les agences de communication selon toi ? Peux tu détailler ? N’ont-elles pas justement le rôle de conseil à jouer si elles ne le font pas déjà ?

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