Le marché du carbone national vidé de sa substance

En Corée du Sud, l’adoption d’un mécanisme de cap and trade au niveau national en mai 2012 avait été applaudie par les environnementalistes. Un texte d’application publié fin juillet les refroidit. Les droits à polluer vont être attribués gratuitement de manière prolongée…

Par melanie.mangold Publié le 2 août 2012 à 0 h 28

En Corée du Sud, l’adoption d’un mécanisme de cap and trade au niveau national en mai 2012 avait été applaudie par les environnementalistes. Un texte d’application publié fin juillet les refroidit. Les droits à polluer vont être attribués gratuitement de manière prolongée…

Selon la loi votée par le parlement le 2 mai dernier, toutes les usines qui produisent plus de 25 000 tonnes de CO2 par an feront l’objet d’une limitation d’émissions à partir de 2015. Si elles dépassent leurs limites, elles devront acquérir des droits à polluer sur un marché du carbone national. Les entreprises ayant réduit leurs émissions en deçà de leur propre limite pourraient leur céder leurs droits à polluer non utilisés.

Cette loi qui est passée sans vagues dans une assemblée connue pour ses débats parfois houleux, a dressé les industriels contre les ONG protectrices de l’environnement. Les premiers se plaignent du coût supplémentaire que va constituer cette nouvelle loi. Ils avertissent que cela pourrait leur faire perdre considérablement en compétitivité face aux concurrents chinois, américains et japonais qui n’ont pas de limite à polluer. En face, les environnementalistes se réjouissaient jusqu’à présent du passage de la loi.

Les détails d’application publiés le 22 juillet laissent à penser que les industriels ont habilement négocié devant les autorités. Dans les deux premières années de la bourse carbone (2015 - 2017), 100% des permis à polluer seront attribués gratuitement. L’attribution gratuite sera ensuite réduite à 97% pour la période 2018 – 2020 puis à 90% sur la période 2020 – 2025. De plus, les secteurs considérés stratégiques, incluant l’acier, les semi-conducteurs et certaines industries d’export vitales, seront totalement exonérés du système…

Conscient que ce texte créerait des remous dans l’opinion, le responsable du comité présidentiel pour la croissance verte s’est pressé de faire des déclarations d’apaisement:

« Il s’agit d’assurer un démarrage harmonieux à notre marché du carbone. La charge pour l’industrie est ainsi réduite, tout en assurant une diminution régulière des émissions dans les années avenir, à un coût supportable pour notre économie ».

La Fédération Coréenne pour un Mouvement Environnemental, une des ONG les plus influentes du secteur, n’est pas d’accord. L’organisation a réagi très rapidement à la publication du texte d’application:

« Le système d’échange de carbone perd ainsi tout son sens dès le début. Le gouvernement a accepté la plupart des exigences de l’industrie. Finalement, la conformité environnementale ne leur coûtera rien ».

1 commentaire on «Le marché du carbone national vidé de sa substance»

  • Well, in Europe the industry got them for free for a LOT longer period than 2 years. We all have to wonder how many consumers will still be around to sell our products to by 2015, 2020, 2050, 2100. 2015 was said to be the tipping year: if humanity doesn’t manage to curb its joint CO2e emissions by 2015, we can forget about limiting the Global Climate Destabilization to an equivalent of +2°C warming. That’s what we all agreed upon and that translates into a loss of 20% of Humanity = 1,2 billion people and 60% of Biodiversity. That’s 1,2 billion consumers less to buy products on a total global population of some 7 billion. We’re not going to make the tipping point at 2015. So we have to adjust our strategic plans rather to plans where 1/3 of consumers will be death and 90% of biodiversity?

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