Quand les Suédois obligent les indiens à quitter leurs terres

Pour plusieurs ONG, la journée internationale des peuples autochtones a été l’occasion de dénoncer la politique des fonds de pension suédois. En investissant massivement dans les multinationales minières, la Suède participe indirectement au harcèlement et au déplacement forcé des populations amérindiennes.

Par Cathy Phouphetlinthong Publié le 23 août 2012 à 0 h 03

Pour plusieurs ONG, la journée internationale des peuples autochtones a été l’occasion de dénoncer la politique des fonds de pension suédois. En investissant massivement dans les multinationales minières, la Suède participe indirectement au harcèlement et au déplacement forcé des populations amérindiennes.

© Ketih Bacongco

Éradication de populations autochtones

À travers une lettre ouverte rendue publique lors de la journée internationale des peuples autochtones, l’ONG Solidarity Sweden-Latin America et la Coordinatrice andine des organisations indigènes demandent aux fonds de pension suédois d’intervenir pour faire cesser les exactions des géants mondiaux de l’exploitation minière en Amérique du Sud.

Gustavo Ulcués, membre de l’ethnie colombienne Nasa, n’a pas hésité à faire le voyage jusqu’en Suède. Il dénonce l’éradication de 34 populations autochtones de Colombie, et le grave danger pesant sur 30 autres peuples.

BHP Billiton, Anglo American, Ashanti Anglogold et Glencore International opèrent en Colombie. Toutes ces entreprises ont attiré d’importants investissements de la part des fonds de pension suédois.

Or, pour faire fuir les habitants des zones riches en minéraux précieux, les multinationales ont souvent recours au harcèlement, à l’intimidation, à la corruption, à la destruction des écosystèmes ou à la pollution de l'eau.

Des experts en RSE

La situation est similaire au Pérou, où cinq personnes ont trouvé la mort lors de manifestations contre un projet controversé d’exploitation aurifère. Les habitants de la région de Cajamarca se battent pour préserver leurs réserves d’eau douce, menacées par les activités du géant de l'or Newmont. Les fonds de pension y ont investi 67 millions de dollars.

Au Guatemala, les populations Mayas ont dû lutter pendant plusieurs années pour que l’entreprise canadienne Goldcorp abandonne leurs terres.

Pourtant, les fonds de pension n’ont toujours pas retiré les sommes investies auprès de cette multinationale. Une demande de la Commission interaméricaine des droits de l’homme avait exigé la fermeture de la mine.

D’autres grands groupes comme Barrick Gold, Glencore International, Hudbay ou Rio Tinto sont souvent experts en RSE. Ils ont même reçu des prix environnementaux. Pourtant, aucune de ces entreprises ne respecte les droits territoriaux des indiens. Trop souvent, les profits passent avant les droits de l’homme.

Face aux abus de pouvoir des grands groupes miniers, les peuples autochtones réclament une révision des directives éthiques des fonds de pension. Ces peuples aimeraient avoir la garantie que les investissements dans le secteur minier respectent enfin les droits élémentaires des populations.

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