GLOBAL CONFERENCE – Interview de Serge Orru

A l’occasion de la Global Conférence, Youth Diplomacy a rencontré Serge Orru, directeur de WWF France.

Par Aurelie Taupin Modifié le 11 décembre 2012 à 17 h 01

A l'occasion de la Global Conférence,  Youth Diplomacy a rencontré Serge Orru, directeur de WWF France. Il nous explique ses démarches envers les entreprises pour le développement durable.

Serge Orru ©Zoé Fisher


Youth Diplomacy : Lors de votre intervention sur la co-construction, vous vous êtes montré assez virulent envers les entreprises, qui doivent être selon vous au cœur des progrès écologiques. Votre organisation accompagne pourtant les entreprises dans leurs démarches de développement durable. Comment le WWF reste-t-il indépendant ?

Serge Orru : Le travail avec les entreprises est avant tout primordial pour protéger efficacement les espaces naturels et les espèces. Cependant, nous avons des règles strictes. Nous nous sommes par exemple imposé une "liste noire" des entreprises avec lesquelles nous ne travaillons pas en raison de leur domaine d'activité : les entreprises pétrolières, les producteurs d'énergie nucléaire, les fabricants d'alcool et bien d'autres. Nous nous interdisons également de recevoir plus de 30% de ressources en provenance des entreprises. Les 60% restants sont principalement apportés par nos membres.

Vos relations avec les entreprises posent-elles parfois problème ?

Nous n'avons pas les mêmes "radars", la même culture. Il est arrivé que certains partenariats n'aient pas aboutis. Mais dans l'ensemble, ils sont plutôt concluants et bénéfiques. Lorsque nous travaillons avec Carrefour pour généraliser la certification du papier FSC, c'est tout le secteur de la distribution qui est mis sous pression pour suivre l'exemple.

Comment mieux impliquer le public dans les démarches de développement durable ?

"Éviter d'être chiant". Il faut de la pédagogie, expliquer l'importance de ces sujets.

Que pensez-vous du problème international du financement de la protection de la biodiversité, sujet important de la COP sur la biodiversité à Hyderabad en octobre ?

Il faut tout d'abord croire à cette COP, même si le succès de ces négociations internationales peut sembler improbable. Mais la question du financement n'est pas si compliquée, il suffirait, par exemple, de prendre le budget de l'armement. Et puis, il faut lutter contre la radicalisation de certaines régions du monde, qui empêchent de s'attaquer aux problématiques environnementales. L'impact des guerres sur l'environnement, de même que l'impact de la dégradation de l'environnement sur le déclenchement de conflits, n'est que trop peu considérée.

La crise économique est-elle bonne ou mauvaise pour l'environnement?

La crise est là parce que le monde est en transition et parce que nous ne sommes pas encore dans ce nouveau monde. Mais une crise est faite pour s'en sortir… ou s'écrouler, comme pour une crise cardiaque.

Quelles seraient vos propositions pour nous aider à sortir de cette crise protéiforme ?

Il faut lancer un EADS de l'Energie renouvelable, créer un Tribunal Pénal International pour l'Environnement, revoir la politique agricole commune et la politique de pêche commune, insérer en France un procureur spécifique aux sujets environnementaux.

Que pensez-vous de la publication de la récente étude montrant la nocivité des OGM ?

Les entreprises productrices de semences font elles-même leurs tests scientifiques, c'est complètement illogique ! Il est nécessaire de mettre en place des autorités indépendantes effectuant des études sur le long terme. La transparence sera la garantie de leur bon fonctionnement et de leur pertinence.

Propos recueillis par Lucas Brunet et Michael Ravier

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