Triste record pour l’Argentine, pays le plus touché par l’obésité infantile en Amérique latine

Comment la proportion d’enfants d’âge préscolaire touchés par l’obésité a-t-elle pu passer de 2,5 % dans les années 1980 à près de 10 % aujourd’hui ? Les spécialistes signalent le caractère multifactoriel du phénomène et insistent sur l’importance du travail de prévention post-natal.

Par Stacy Aubenas Modifié le 13 novembre 2012 à 17 h 01

Comment la proportion d’enfants d’âge préscolaire touchés par l’obésité a-t-elle pu passer de 2,5 % dans les années 1980 à près de 10 % aujourd’hui ? Les spécialistes signalent le caractère multifactoriel du phénomène et insistent sur l’importance du travail de prévention post-natal.

 

Les maladies liées à l’obésité s’attaquent aux plus jeunes

« En Argentine, nous avions entre 2,5 et 3 % d’enfants préscolaires obèses dans les années 80 et nous sommes passés à 10 % aujourd’hui. Nous occupons la première place dans la région », se désole Esteban Carmuega, du Centre d’études sur la nutrition infantile (CESNI).

Ces mauvais résultats placent le pays loin devant le reste du continent, puisque la moyenne pour l’Amérique latine est estimée à 6,8 %.

Toutefois, les voisins immédiats de l’Argentine ne font guère mieux, l’Uruguay et le Chili signalant des taux à peine inférieurs.

« C’est difficile de trouver une explication. Je ne crois pas qu’il y ait un seul coupable, mais plutôt une convergence de facteurs », estime le médecin.

Miriam Tonietti, secrétaire du Comité de nutrition de la Société argentine de pédiatrie, constate une augmentation importante de maladies liées à l’obésité chez les plus jeunes, comme l’hypertension, l’altération des lipides sanguins ou les changements de métabolisme du glucose.

« Avant, on ne voyait pas ce genre de symptômes à cet âge-là », affirme la pédiatre. Selon elle, au-delà des prédispositions au diabète ou à certaines maladies cardiovasculaires, l’obésité peut également avoir de graves conséquences aux niveaux traumatologique et psychologique.

L’arrivée à la ville bouleverse les habitudes alimentaires

En Amérique latine, la « transition nutritionnelle » qui accompagne l’exode rural explique en partie la prévalence de l’obésité chez les plus pauvres, qui partent chercher du travail dans les villes.

« Les gens sont déracinés, ils perdent leur culture, leurs habitudes nutritionnelles, et se tournent vers des aliments riches en graisse et en sucre », explique Miriam Tonietti.

De plus, le prix parfois prohibitif des aliments sains, riches en éléments nutritifs, représente souvent un obstacle pour les classes défavorisées.

Les spécialistes rappellent également que l’obésité n’est pas le « contraire » de la malnutrition, mais une autre facette d’un même déséquilibre, et que les deux phénomènes auront des séquelles importantes sur le développement de l’enfant.

L’allaitement maternel, seul « vaccin » contre l’obésité

Miriam Tonietti s’inquiète par ailleurs du manque de discernement qu’elle constate au sein des familles au cours de ses consultations :

« Par exemple, un couple de parents obèses vient me voir avec un enfant souffrant d'un surpoids important, en me disant que « c'est le traumatologue qui les envoie ». Quand je leur demande s'il y a des antécédents familiaux d'obésité, ils me répondent que non. »

Pour Esteban Carmuega, la prévention doit avoir lieu le plus tôt possible, et s’adresser aux femmes dès qu’elles sont en âge de procréer :

« Il faut commencer plus tôt, en travaillant avec les femmes et en intervenant fortement au cours des 1000 premiers jours de croissance des enfants, qui sont fondamentaux. »

Le spécialiste rappelle que les futures mamans doivent contrôler la qualité de leur alimentation tout au long de la grossesse, et signale que l’allaitement maternel est à l’heure actuelle le seul « vaccin » permettant de prévenir efficacement l’obésité.

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