De la lumière verte, pour en finir avec la peur du noir

Dans la jungle, les monstres tapis dans l’obscurité ne sont pas tous imaginaires. Pour les indiens d’Amazonie, l’arrivée de panneaux solaires est un gage de sécurité pour leurs enfants, premières victimes de piqûres et de morsures, souvent mortelles.

Par Stacy Aubenas Publié le 9 novembre 2012 à 0 h 47

Dans la jungle, les monstres tapis dans l'obscurité ne sont pas tous imaginaires. Pour les Indiens d'Amazonie, l'arrivée de panneaux solaires est un gage de sécurité pour leurs enfants, premières victimes de piqûres et de morsures, souvent mortelles.

Même les bougies sont inaccessibles

Dans les communautés indiennes les plus reculées, scorpions, fourmis géantes et autres animaux effrayants représentent une menace constante, en particulier au cours de la nuit.

Pour s'éclairer, ces tribus possèdent généralement des groupes électrogènes, mais elles disposent rarement de carburant pour les faire fonctionner. Leur isolement extrême se répercute directement sur le prix du gasoil et de la plupart des produits, apportés par avion ou par bateau. Bien souvent, les maigres revenus des populations autochtones ne leur permettent même pas de s'acheter des bougies.

Or, dans le noir, les accidents sont vite arrivés, comme en témoigne l'histoire tragique de cette fillette de huit ans, originaire de la communauté Yawants.

« Elle s'est levée pendant la nuit pour aller faire pipi, et a marché sur un scorpion. Elle est morte. Mais c'était avant l'arrivée des panneaux », raconte Ramón Wisun.

Les « panneaux » auxquels fait référence ce professeur originaire de la province amazonienne de Morona Santiago sont des panneaux solaires, installés dans les communautés autochtones grâce à un accord passé entre le gouvernement équatorien et la Fédération interprovinciale des centres Shuar.

Les ingénieurs se transforment en aventuriers

Les ingénieurs chargés d'équiper ces villages doivent faire preuve de courage et se laisser guider par les chefs indiens, empruntant rivières, sentiers et ponts suspendus pour se frayer un chemin à travers la jungle.

Car si certains villages disposent de pistes d'atterrissage permettant un approvisionnement par un avion, dans bien des cas la marche à travers la forêt reste la seule alternative.

« Une fois, je descendais en canot, tout confiant, quand soudain un serpent de 10 ou 12 mètres s'est jeté dans le fleuve. J'ai cru qu'il allait couler, mais il nageait parfaitement et se dirigeait vers notre petite embarcation », se rappelle Jaime Matute.

 « Il était tellement grand que même les locaux ont pris peur. Ils ont perdu le contrôle du canot et nous avons percuté un arbre sur la berge. Quand on est ingénieur, on se dit « qu'est-ce que je fais là ? ». Puis on aperçoit une hutte modeste, remplie d'enfants, et ça devient notre raison de travailler. »

Après l'ethnie Shuar, équipée de panneaux solaires en 2009, c'est au tour des Indiens Achuar de bénéficier de cette source d'électricité bon marché. Pour chaque maison, l'abonnement mensuel ne coûte que 2,30 € le premier mois, puis 1,10 € les mois suivants.

« La première chose à laquelle servira la lumière, ce sera pour nos enfants, pour qu’ils puissent étudier », s'enthousiasme Ernesto Samaren, représentant Achuar du territoire de Pumpuenza.

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