Le drame des enfants ramasseurs d’ordures

En cette journée internationale des droits de l’enfant, allons à la rencontre des déshérités de Guiyang, qui vivent entre école – quand ils y vont – et décharge. Pour aider leurs parents à ramasser quelques vieilleries pouvant les faire survivre.

Par Stacy Aubenas Modifié le 20 novembre 2012 à 12 h 12

En cette journée internationale des droits de l'enfant, allons à la rencontre des déshérités de Guiyang, qui vivent entre école – quand ils y vont – et décharge. Pour aider leurs parents à ramasser quelques vieilleries pouvant les faire survivre.

Pas tous égaux

La Chine est un pays inégalitaire, dont la croissance frénétique a créé des richesses énormes tout en avilissant les plus faibles. Les enfants des hauts fonctionnaires et grands patrons se côtoient dans des écoles privées qui accueillent les meilleurs professeurs chinois et étrangers. Ils vont en vacances sur des plages privées américaines, au collège à Eton, à l’université à Oxford ou Harvard, puis reviendront pour prendre les postes les plus brillants. Les enfants de la grande classe moyenne urbaine, eux, connaissent les vacances dans les belles destinations chinoises et d’Asie. Ils auront peut-être l’occasion d’aller une fois ou deux passer quelques semaines en Amérique du Nord, en Europe ou en Australie. Pendant toute l’année, ils sont comblés de cadeaux et de sorties au restaurants, tant l’enfant unique est gâté par ces parents à qui il est interdit d’en avoir un second. Que reste-t-il aux enfants des plus pauvres ? Pas grand-chose. Les quolibets de ceux qui vivent dans l’opulence, le travail après l’école et un avenir sans doute bien triste.

Des enfants abandonnés

Le pire est pour les enfants des travailleurs migrants. Ces gens des campagnes affluent dans les villes pour travailler sur des chantiers, dans des petits restaurants ou faire des ménages. En bref, pour remplir toutes les tâches que les résidents des villes ne veulent pas faire. Ils laissent souvent leurs enfants au village, aux soins de leurs grands-parents, et rentrent une fois par an s’ils le peuvent. Le lot de ces enfants ‘abandonnés’ n’est pas gai. Mais il est certainement meilleur que celui d’une centaine de petits allant de 4 à 16 ans qui ont suivi leurs parents à Guiyang, capitale de la province de Guizhou, l’une des plus pauvres de Chine. Ils vivent au bord de la vaste déchetterie de Gaoyan. Le week-end, on les voit comme des fourmis s’efforcer de trouver quelques objets d’un peu de valeur pour pouvoir les revendre.

Une déchetterie en guise de terrain de jeu

Un journaliste indépendant est allé les filmer. « J’ai été obligé de me couvrir la tête dès que j’ai approché de la décharge. L’odeur est tellement infecte qu’elle m’aurait fait vomir », déclare-t-il. Âmes sensibles s’abstenir. Notre caméra suit des enfants qui sont sur les monts de déchets comme sur un château de sable. Un enfant, au contraire d’un adulte, peut s’habituer à tout, écrivait Rousseau dans l’Emile. Ce petit film prouve l’exactitude de sa remarque. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas s’indigner de cette tragédie. Que des adultes soient obligés d’en arriver là pour gagner « de 10 à 20 yuans par jour » (environ 2 euros), selon une vieille dame questionnée dans ce reportage, c’est déjà atterrant. Espérons que la nouvelle administration chinoise agira pour que les enfants puissent vivre dignement, dans toute la Chine, urbaine comme rurale.

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