Afrique, laboratoire des économies du futur, Acte IV

Après les actes I, II et III, nous poursuivons depuis l’Amérique du Nord, la série sur Afrique, laboratoire des économies du futur.
Et si les initiatives africaines d’économie circulaire servaient de catalyseur pour la sensibilisation des autorités québécoises ? Cette personnalité qui nous reçoit à Montréal est fortement convaincue.

Par Octavia Tapsanji Modifié le 19 décembre 2012 à 12 h 21

Après les actes I, II et III, nous poursuivons depuis l’Amérique du Nord, la série sur Afrique, laboratoire des économies du futur. Et si les initiatives africaines d’économie circulaire servaient de catalyseur pour la sensibilisation des autorités québécoises ? Cette personnalité qui nous reçoit à Montréal est fortement convaincue.

Il faut dire  que nous discutions de l’ambitieux programme de Cités et Gouvernements Unis Locaux (CGULA) d’Afrique qui ambitionne d’accompagner 50 villes africaines dans plusieurs secteurs de l’économie verte (efficacité énergétique, énergies renouvelables, valorisation des déchets, assainissement, etc.).

Ce sont les passerelles de l’économie circulaire entre les collectivités territoriales et les entreprises qui retiennent l’attention de notre interlocuteur.

En attendant la mise en œuvre opérationnelle du programme de CGULA, en matière d’économie circulaire, le centre Songhai situé au Bénin est une référence africaine qui mériterait d’être mieux reconnue. Elevage, agriculture, pêche, de la production à la commercialisation en passant par la transformation, le centre Songhai applique à la lettre la maxime de Lavoisier « Rien ne se perd, rien ne créé. Tout se transforme ». Les initiatives de Songhai sont à découvrir.

A l’instar de Songhai, le continent africain foisonne désormais d’inventions et de nouveaux modèles économiques.

Commençons par le génie Kelvin Doe. Le parcours de ce Sierra Léonais de 16 ans est tout simplement impressionnant. Pour lui les poubelles valent vraiment de l’or. C’est en fouillant dans les détritus de son village qu’il met au point des générateurs électriques et des batteries. Il n’a alors que 13 ans. Quelques années plus tard, il monte une radio communautaire ainsi qu’une station de mixage et se fait appeler DJ Focus.

Depuis quelques mois, il fait l’objet de focus dans plusieurs médias internationaux. Après une sélection dans le cadre d’un concours d’innovation, il a découvert l’Amérique et rencontré le Président de Harvard. Kelvin Doe vient d’intégrer le Massachussets Institute of Technology (MIT).

Pour CNN, avant ce jeune Sierra Léonais, le MIT n’avait jamais reçu un adolescent de cet âge. Bravo à Kelvin Doe qui a désormais une page sur Wikipedia. Pour se chausser, il pourrait se tourner vers une autre Africaine d’exception.

Bethlehem Tilahum Alemu, fondatrice et PDG de SoleRebels est la leader visionnaire africaine qui monte. Cette Ethiopienne a monté une entreprise de fabrication des chaussures tendances à partir des matériaux locaux et de pneus usagés en puisant dans la culture de son pays.  Les chaussures SoleRebles sont actuellement commercialisées partout dans le monde.

Pour boucler la boucle de l’économie circulaire, elle pourrait utiliser les urines de ses salariés pour produire l’électricité indispensable au fonctionnement de son usine. Il faudrait dans ce cas faire appel à Duro-Aina Adebola, Akindele Abiola, Faleke Oluwatoyin et Bello Eniola. Ces adolescentes nigérianes, dont la moyenne d’âge est de 14 ans, viennent de mettre au point un procédé qui permet de produire 6 heures d’électricité à partir d’un litre d’urine.

C’est également pour résoudre les problèmes des adolescentes que le Dr. Moses Musaazi, de l’Université Makerere en Ouganda, a inventé Makapads. Il avait remarqué un taux d’absentéisme élevé chez certaines élèves issues des milieux défavorisées pendant leur période de menstruation. Pour pallier à cette situation il a mis au point grâce au papyrus et au papier des serviettes hygiéniques écologiques, sans produit chimique, biodégradables à 95 % et dont le coût est 50 % inférieur aux serviettes hygiéniques importées. MAKA signifie Menstruation Administration Knowledge Affordability.

Pendant que le Dr Moses planche sur les préoccupations féminines, d’autres jeunes Africaines sont bien décidées à résoudre les problèmes de la planète en transformant les contraintes environnementales en opportunités d’économie verte inclusive. C’est le cas pour Mwanyuma Hope Mugambi (23 ans) et Beverly Kendi Nkonge (16 ans). Ces deux étudiantes kenyanes ont été nommées en octobre dernier Jeunes Envoyées pour l’Environnement 2012.  Il s’agit d’une initiative du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et du groupe allemand Bayer.

En partenariat avec un groupe de femmes, Mwanyuma Hope Mugambi est la promotrice d’une structure de recyclage des sacs plastiques en sets de table et étuis pour ordinateurs portables. La commercialisation de ces produits permet de financer les frais de scolarité des enfants des femmes qui participent aux projets et à l’achat des produits sanitaires pour la communauté.

Suite à un appel à projets du défi entrepreneurial pour les jeunes, avec ses camarades de classe, Beverly Kendi Nkonge a créé la société Providentia. C’est une entreprise de production, à partir de sciures et de déchets organiques, des briquettes combustibles. Le restaurant de l’école, les enseignants et les autres élèves sont les principaux clients de ce charbon vert. Les bénéfices de cette activité sont utilisés pour régler les frais de scolarité des enfants qui vivent dans un bidonville de Nairobi.

L’Afrique, laboratoire des économies du futur est aussi le lieu d’innovation pour les étrangers. C’est le cas pour la société allemande Solarkiok GmbH qui vient d’installer en Ethiopie son premier kiosque solaire. Cette invention remplie aussi bien les fonctions de commerce de proximité que celles de production d’électricité pour les besoins cruciaux en zone rurale. Le Solarkiosk a aussi la particularité d’être fabriqué à partir de matériaux locaux et de produits recyclés.

Toujours dans le domaine énergétique, il faut saluer l’invention du français Pascal Fayet de ITerrae. Grâce au refroidissement radiatif, Les Greniers du Sahel captent la fraîcheur la nuit pour un usage en journée dans les entrepôts de conservation et de stockage des légumes et des fruits.

Thierry Téné, Directeur de A2D Conseil et Co-fondateur de l’Institut Afrique RSE

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