Taxe sur le nucléaire : une centrale met la clé sous la porte

Les exploitants de la centrale de Garoña optent pour un arrêt anticipé afin d’échapper au nouvel impôt sur les combustibles usagés. La mesure votée par le parlement obligera le parc nucléaire espagnol à verser 300 millions d’euros chaque année.

Par Octavia Tapsanji Publié le 2 janvier 2013 à 0 h 29

Les exploitants de la centrale de Garoña optent pour un arrêt anticipé afin d’échapper au nouvel impôt sur les combustibles usagés. La mesure votée par le parlement obligera le parc nucléaire espagnol à verser 300 millions d’euros chaque année.

Production électrique : un secteur en crise

Le groupe Nuclenor, propriété des géants de l’énergie Iberdrola et Endesa, annonce l’arrêt immédiat du réacteur de Garoña, devenu selon eux non rentable. En cause, la Loi de « soutenabilité » énergétique imposée par le gouvernement de Mariano Rajoy, qui prévoit de taxer les combustibles nucléaires usagés à raison de 2190 euros par kilo.

Le texte concerne l’ensemble du secteur énergétique et cherche à combler le déficit tarifaire qui plombe les finances du pays. Actuellement, la faible demande contraint certains producteurs d’électricité à vendre à perte, le prix de production du kilowattheure étant parfois supérieur au prix de vente.

Fukushima a coûté cher

La loi entrera en vigueur le 1er janvier 2013 et devrait se traduire par une augmentation des recettes fiscales de 3 milliards d’euros. Mais pour certains secteurs, comme le nucléaire, la facture est salée. Dans le cas de la centrale de Garoña, la taxe sur le combustible implique un surcoût de 153 millions d’euros, qui s’ajoutent aux 120 millions d’euros nécessaires aux travaux de sécurisation.

Le réacteur de Garoña utilise en effet la même technologie que celui de Fukushima, et la catastrophe japonaise a obligé les exploitants à procéder à des tests de résistance et à des modifications du site.

La centrale resterait bénéficiaire

Nuclenor préfère donc avancer la fermeture de sa centrale, initialement prévue pour juillet 2013, mais cette décision provoque la colère du gouvernement, qui n’exclut pas une action judiciaire.

Car selon le ministre de l’Industrie, José Manuel Soria, la centrale resterait bénéficiaire. Lorsque le gouvernement précédent a décidé de la fermeture de Garoña, plus vieux réacteur espagnol, Nuclenor avait alors réclamé une indemnisation, faisant valoir un manque à gagner de 395 millions d’euros : une somme qui permettrait d’affronter sans problème les coûts liés à l’adaptation post-Fukushima et à la nouvelle taxe.

De son côté, l’opposition dénonce une mesure à court terme, dont le seul objectif est d’augmenter les rentrées fiscales, sans chercher à mettre en place un système énergétique durable, tant au niveau économique qu’environnemental.

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