Gaz de schiste : l’Espagne dans les starting-blocks

Avec près de 40 prospections autorisées et autant en attente, la fièvre du gaz non conventionnel s’empare de la péninsule ibérique. Plusieurs régions offrent un potentiel prometteur, mais l’opposition sociale reste vive face aux techniques de fracture hydraulique.

Par Stacy Aubenas Publié le 9 janvier 2013 à 0 h 21

Avec près de 40 prospections autorisées et autant en attente, la fièvre du gaz non conventionnel s’empare de la péninsule ibérique. Plusieurs régions offrent un potentiel prometteur, mais l’opposition sociale reste vive face aux techniques de fracture hydraulique.

Outre-atlantique, c’est la révolution énergétique

Longtemps restés inaccessibles, les hydrocarbures non conventionnels comme le pétrole et le gaz de schiste peuvent désormais être exploités à des coûts raisonnables grâce à l’amélioration des techniques de fracking.

Pour extraire les liquides emprisonnés dans la roche-mère, celle-ci est « fracturée » en injectant à très haute pression un mélange d’eau, de sable et d’additifs chimiques dans les puits.

Mise en œuvre depuis près de trois décennies aux États-Unis, la technique de fracturation hydraulique s’est notablement améliorée au cours des cinq dernières années, rendant soudainement accessibles d'immenses gisements partout à travers le monde.

Mais la révolution énergétique que connaissent les Américains semble difficilement transposable à l’Europe, plus densément peuplée, et où prédominent des politiques environnementales beaucoup plus strictes.

Le régime juridique de propriété du sous-sol est également différent de l’autre côté de l’Atlantique, où les richesses minérales appartiennent aux propriétaires terriens et non à l’État, comme c’est le cas en Europe.

La prochaine grande bataille écologique

Une poignée de nations comme la France, la Bulgarie, la Roumanie et la République Tchèque ont établi un moratoire sur le gaz de schiste, mais la grande majorité des pays européens mettent en place des activités de prospection, comme c’est le cas en Espagne.

Plusieurs permis ont déjà été délivrés dans les Asturies, en Cantabrie, en Castille-et-Léon, au Pays Basque, en Aragon, en Catalogne et en Castille-La Manche, et d’autres sont en attente dans la Communauté valencienne et en Navarre.

« La typologie géologique montre qu’il pourrait y avoir d’importantes réserves de gaz dans le bassin basco-cantabrique, en Castille-et-Léon et en Aragon », signale Mónica Cristina, porte-parole de Shale Gaz España, une plateforme constituée par plusieurs entreprises régionales du secteur.

Mais bien souvent, les permis n’ont pas suffi à procéder aux prospections, en raison de la forte opposition rencontrée au niveau local, tant de la part des autorités régionales que des populations.

Tout porte à croire que la question du gaz de schiste conduira à la prochaine grande bataille écologique européenne.

Une hérésie au pays du renouvelable

En Espagne, l’ensemble des provinces concernées exigent un moratoire. Malgré le soutien du Ministère de l’Industrie à la fracturation hydraulique, plusieurs gouvernements régionaux dominés par le parti présidentiel (PP : Parti Populaire) refusent que cette technique soit employée sur leur territoire.

Les opposants au gaz de schiste dénoncent les risques associés à son exploitation, notamment la pollution des nappes phréatiques, les conséquences pour la santé humaine et le paysage, ainsi que des risques non négligeables de séismes.

Pour Roberto Bermejo, professeur en économie durable à l’université du pays basque, l’extraction d'hydrocarbures non conventionnels est un véritable non-sens, alors que l’Espagne s’est imposée au cours des dernières années comme la véritable « Arabie Saoudite des énergies renouvelables ».

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