Condamnés à mort par le plastique

Si on vous demandait combien d’albatros ou de tortues vous avez tués dans votre vie, vous répondriez sûrement, indigné, « Mais aucun ! ». Et pourtant …

Par Stacy Aubenas Modifié le 8 février 2013 à 14 h 49

Si on vous demandait combien d’albatros ou de tortues vous avez tués dans votre vie, vous répondriez sûrement, indigné, « Mais aucun ! ». Et pourtant …

Un jeune goéland aux prises avec un fil de pêche. Photo: Peter Ryan

La plupart d’entre nous seraient indignés d’être associés à la mort de ces animaux. Pourtant, comme l’explique le Dr Peter Ryan, ornithologue de l’Université de Cape Town, nous sommes tout de même coupables de la mort annuelle de millions d’animaux marins et en particulier d’oiseaux.

Un monde accro au plastique

Pourquoi ? Parce que tous les jours, nous utilisons sans précaution et sans vraiment recycler une myriade de produits en plastique. Le Professeur Ryan étudie les impacts de l’ingestion de plastique sur les oiseaux de mer depuis les années 80. Il a aussi mis en place des programmes qui mesurent la quantité de débris sur les plages sud-africaines. Dans le magazine African Birdlife, il explique que nous ne saurions presque plus vivre sans la multitude de plastiques qui nous entoure. Le monde produit 260 millions de tonnes de plastique par an, et utilise pour cela 8 % du pétrole mondial !

“Mais le fait même que les plastiques soient si versatiles en font de redoutables polluants. Ils voyagent surtout grâce à l’eau et au vent, loin et longtemps. En plus, les polymères synthétiques ne se décomposent que très lentement, s’ ils sont exposés aux UV.”

Les déchets en plastique flottant sous l’eau ou enterrés peuvent rester intacts des centaines ou des milliers d’années. On en trouve désormais partout, des plages isolées en Antarctique jusqu’au fin fond de l’Océan Arctique.

25 mètres de plage à Muizenberg – pourtant nettoyée quotidiennement par la Ville du Cap. Photo : Peter Ryan

Une tendance générale – et fatale

Les oiseaux ingèrent du plastique, directement ou bien via les poissons qu’ils mangent et qui sont incapables de faire la différence entre plancton et minuscules bouts de plastique. Les petits morceaux peuvent boucher l’appareil digestif des oiseaux et les empêcher de se nourrir davantage. Dans certaines zones de l’océan, il y a désormais beaucoup plus de débris que de plancton. En Afrique Australe, plus de 90 % de grands puffins et de prions bleus ont des fragments de plastique dans leur estomac.

Par ailleurs, les oiseaux de mer s’empêtrent dans les anneaux des cannettes de boisson, les restes de matériel de pêche et les filets.

Un jeune nourri au plastique par erreur par ses parents. Photo: Lindsay Young, Pacific Rim Conservation.

Selon Ryan :

“L’Atlantique Sud est sur le point de connaitre la même situation que le Pacifique Nord, où un nuage de débris plastiques surnommé « le 6ème continent » flotte en permanence”.

Selon Wikipedia, la taille de ce nouveau continent est inconnue, car il ne s’agit pas de gros morceaux visibles du pont d’un bateau … la plupart sont de petits fragments de plastique qui flottent juste sous la surface de l’eau, donc indétectables par avion ou satellite. Toutefois, les estimations oscillent entre la taille de la France (550 000 km²) à plus de 2 fois la taille des États-Unis.

Clairement, nous devons réduire la quantité de plastiques qui finissent dans les mers.

Ryan conclut :

« Nous aimerions tous croire que les déchets viennent exclusivement des bateaux, mais ce n’est pas le cas. Nous devons donc tous faire un effort pour utiliser moins de plastiques et les recycler consciencieusement ».

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