Qualité alimentaire: la responsabilité du consommateur et du producteur

Dans le contexte de crise économique, les médias et le gouvernement se préoccupent beaucoup du pouvoir d’achat. Si on regarde l’évolution de la part du budget des ménages consacré à l’alimentation depuis 50 ans, celle-ci est passée de 32% en 1960 à environ 13% en 2009.

Par Charles Vaury Modifié le 8 février 2013 à 11 h 01

Dans le contexte de crise économique, les médias et le gouvernement se préoccupent beaucoup du pouvoir d’achat. Si on regarde l’évolution de la part du budget des ménages consacré à l’alimentation depuis 50 ans, celle-ci est passée de 32% en 1960 à environ 13% en 2009[1]. Parallèlement, le temps de préparation pour les repas est passé de 330 minutes par jour à 70 minutes, et le nombre d’exploitations agricoles a été divisé par 5[2]. Le monde change : quel impact cela a-t-il sur la qualité des produits alimentaires que nous consommons ? Serions-nous prêts à payer plus cher pour une meilleure alimentation ?

Dans notre société de consommation, le réflexe prix est devenu majeur, il suffit de se promener dans le rayon « promo » d’un hypermarché pour s’en convaincre. Mais cette recherche du prix bas a un coût. Pour satisfaire ce besoin de consommer pas cher, on nous propose des ersatz de fromage sans lait, des débris de viande agglomérés, de l’huile de palme importée et autres substances fortement polémiques. Le scandale de la « pâte gluante rose » mélangée à la viande servie dans les cantines scolaires américaines est marquant, et les conséquences sont majeures. Aujourd’hui, via les nouvelles technologies de traçabilité, l’information est de plus en plus disponible et compréhensible. « L’homo consommateur » a pour devoir de s’informer et de faire des choix raisonnés. Mais il n’est pas le seul à devoir se poser des questions.

La mise à disposition de produits alimentaires industrialisés a transformé notre façon de nous nourrir. Une alimentation riche en lipides et à forte densité énergétique, centrée sur des aliments d'origine animale et raffinés, a remplacé l'alimentation basée sur des aliments bruts d'origine végétale. Cette transformation a aujourd’hui des conséquences sur la prévalence des maladies chroniques évitables d'origine nutritionnelle comme l’obésité, le diabète, les maladies cardio-vasculaires, les cancers et l’ostéoporose[3]. L’impact économique est non négligeable quand on sait que le budget de la Sécurité Sociale représente un quart du PIB de la France. Les industriels ont pour devoir de s’interroger sur ce qu’ils mettent en marché et de veiller à la qualité de leurs produits finis. Dans cette optique, citons le travail réalisé par Système U pour retirer des substances polémiques d’une partie de sa gamme de MDD.

Mais cette qualité des produits alimentaires est-elle du seul ressort des industriels ? De nombreuses études scientifiques montrent que le risque d'accident cardiovasculaire n’est pas lié à la quantité de viande consommée, mais bien à la qualité de cette viande. Et on pourrait faire le même constat pour tous les aliments de base et de nombreuses maladies. La qualité de base des produits agricoles est donc en cause ! En caricaturant, on pourrait dire qu'il ne suffit pas de mettre moins de sucre dans les recettes, mais bien du meilleur sucre (brut, moins raffiné, riche en micronutriments, associé à des fibres). Il est urgent de retrouver une bonne qualité de produits agricoles. Cette exigence implique bien sûr les industriels, mais elle dépasse les recettes agroalimentaires. Les agriculteurs ont le devoir de se poser la question de l’impact de leurs choix techniques et culturaux sur la qualité de leurs produits. Citons en ce sens la démarche « Bleu, Blanc, Cœur » qui vise à agir sur la qualité de la viande (notamment l’équilibre des acides gras) en étant attentif à l’alimentation des animaux.

Choix des consommateurs, des industriels ou des agriculteurs, cette approche de la qualité a (peut-être) un coût, mais elle créée surtout de la valeur. Valeur de marque, valeur environnementale, valeur sociétale. Et cette valeur se transforme en création de richesses, quand le « prix bas à tout prix », lui, détruit à coup sur de la valeur à long-terme.

Charles Vaury

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