Le jardin familial déclaré d’intérêt public

Acteurs clés du développement local et de la souveraineté alimentaire, les petits producteurs sont également les garants de la biodiversité. La loi promulguée par Evo Morales obligera l’État à promouvoir un modèle d’agriculture familiale durable, valorisant les méthodes naturelles.

Par Stacy Aubenas Publié le 9 février 2013 à 0 h 26

Acteurs clés du développement local et de la souveraineté alimentaire, les petits producteurs sont également les garants de la biodiversité. La loi promulguée par Evo Morales obligera l’État à promouvoir un modèle d’agriculture familiale durable, valorisant les méthodes naturelles.

Petits producteurs, grands exportateurs

Pour de nombreuses communautés sud-américaines, en particulier au sein des populations autochtones, l’agriculture familiale va bien au-delà de la subsistance alimentaire. En Bolivie, les micro-exploitations produisent la majeure partie des matières premières agricoles exportées, comme le quinoa, le café, ou encore l'arachide.

Pour venir en aide à un secteur défavorisé par un manque chronique de technologie et de  financements, le gouvernement d’Evo Morales a décidé de déclarer l’agriculture familiale d’intérêt public et national.

Une nouvelle loi obligera l’État et les entités territoriales à offrir matériel, assistance technique et accès à la formation aux communautés concernées. L’objectif est à la fois de promouvoir des méthodes naturelles, comme l’agriculture biologique, et de proposer de nouveaux débouchés économiques, à travers le commerce équitable par exemple.

L’initiative s’inscrit dans le cadre d’une campagne lancée en 2008 par plus de 350 organisations et gouvernements de 60 pays, qui a conduit l’ONU à déclarer 2014 Année internationale de l’agriculture familiale.

Un secteur capable de rivaliser avec les grandes exploitations

Oxfam International signale que ce secteur représente jusqu’à 12 % du PIB de pays comme le Brésil,la Bolivie,la Colombie, l’Équateur, le Paraguay et le Pérou, où près de 70 % des aliments consommés sont issus du travail de petits producteurs.

Mais malgré son importance économique cruciale, l’agriculture à petite échelle attire seulement entre 1 et 3 % des dépenses publiques, les gouvernements préférant privilégier les monocultures.

Longtemps, on a considéré que les exploitations familiales étaient incapables de rivaliser avec les grandes productions agroindustrielles. Des dizaines d’études récentes montrent pourtant que les petites unités productives sont moins néfastes pour l’environnement et plus rentables grâce à une gestion plus efficace des ressources agricoles, en particulier de la terre et de l’eau. La grande diversification des espèces cultivées, adaptées aux climats locaux, permet également une moindre vulnérabilité face aux phénomènes climatiques extrêmes, tout en garantissant la préservation de la biodiversité.

Des petits exploitants parfois affamés

Selon l’ONU, près de 700 millions de personnes vivant en zone urbaine consomment des aliments cultivés par des petits producteurs. Insuffisamment valorisé, le travail de ces derniers ne suffit pourtant pas à subvenir à leurs besoins élémentaires : 60 % d’entre eux ne mangent pas à leur faim.

Pour Raúl Benítez, représentant régional de la FAO, « L’agriculture familiale doit recevoir un plus grand soutien de la part des gouvernements de la région, nous ne pouvons pas tolérer que ceux qui produisent de leurs propres mains les aliments qui nous nourrissent soient eux-mêmes victimes de la pauvreté ou de la faim. »

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