Pétrole ou forêt, les Équatoriens devront choisir

Les Indiens de la communauté de Sani Isla ont préféré préserver leur environnement plutôt que d’ouvrir la porte aux compagnies pétrolières. Mais qu’en sera-t-il du reste de l’Amazonie ? En désignant un nouveau président le 17 février prochain, les Équatoriens décideront également de l’avenir de leurs forêts.

Par Octavia Tapsanji Publié le 16 février 2013 à 0 h 27

Les Indiens de la communauté de Sani Isla ont préféré préserver leur environnement plutôt que d’ouvrir la porte aux compagnies pétrolières. Mais qu’en sera-t-il du reste de l'Amazonie ? En désignant un nouveau président le 17 février prochain, les Équatoriens décideront également de l'avenir de leurs forêts.

Rafael Correa change de cap

Jusqu’à présent, l’exploitation du pétrole en Amazonie équatorienne est restée relativement limitée, mais le résultat des prochaines élections présidentielles pourrait bientôt changer la donne.

Parmi les huit candidats en lice, l’actuel chef d’État, Rafael Correa, semble être le plus déterminé à exploiter les richesses pétrolières enfouies dans la jungle. Une situation pour le moins paradoxale, puisque son gouvernement est à l’origine du projet Yasuni, qui a permis d’éviter l’extraction d’hydrocarbures au sein du parc national du même nom.

Rafael Correa justifie ce revirement en expliquant que les toutes dernières technologies permettront de garantir le respect de l’environnement, et assure que ces richesses sont nécessaires au développement du pays.

À l’opposé, Alberto Costa dénonce l’obsession « extractiviste » du président et estime que ces projets comportent des risques écologiques élevés. Ex-allié politique de Correa, Alberto Costa est issu d’une coalition représentant les populations autochtones et divers mouvements de gauche.

Quand les compagnies pétrolières promettent des écoles

Pour les 785 Indiens Kichwas de Sani Isla, le débat est loin d’être abstrait. Les membres de cette communauté occupent un territoire de 37 000 hectares situé sur les berges du fleuve Napo, l’un des affluents de l’Amazone, et savent que le pétrole peut changer leur vie.

Il y a 10 ans, ils ont autorisé la compagnie américaine OXY à opérer sur leur territoire, en échange de compensations économiques. Au lieu de se répartir l’argent, les Kichwas avaient alors choisi de construire une auberge communautaire destinée à l’écotourisme, au bord d'une lagune abritant une faune et une flore exubérantes.

En 2006, OXY a quitté la région et la zone de forage est passée aux mains de la compagnie nationale Petroamazonas. Aujourd’hui, celle-ci voudrait réaliser de nouvelles prospections et fait miroiter d’importantes aides économiques à la communauté, mais les Indiens ne veulent plus de puits de pétrole sur leur territoire.

« L’offre était très tentante, car ils nous offraient des écoles et un autre endroit où développer l’écotourisme », raconte Patricio Jipa, l’un des chefs de la communauté.

Les Kichwas préfèrent l’écotourisme

Le 13 janvier dernier, lors d’une assemblée, les membres de Sina Isla ont cependant décidé de refuser l’offre de Petroamazonas, considérant le tourisme écologique incompatible avec l’extraction de pétrole.

Actuellement, les Indiens tirent leurs revenus de l’auberge communautaire, où ils travaillent à tour de rôle pendant 6 mois consécutifs. Les visiteurs qu’ils accueillent sont principalement des touristes étrangers, venus découvrir la fascinante biodiversité locale et la richesse de la culture Kichwa.

Difficile de savoir si leur choix de vie sera respecté encore longtemps. Pour l’instant, la constitution équatorienne impose au gouvernement de soumettre les nouveaux projets aux communautés locales, mais considère leur avis purement consultatif. Un flou qui laissera toute latitude au prochain président pour faire main basse sur les richesses du sous-sol amazonien, si le peuple équatorien en décide ainsi.

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