Les producteurs africains seuls contre les virus agricoles

L’alimentation de millions de personnes sera mise en péril si on ne donne pas aux petits producteurs africains les outils et connaissances nécessaires pour enrayer la propagation des virus qui attaquent les plantes. C’est ce qu’estime Nteranya Sanginga, directeur général de l’Institut International d’Agriculture Tropicale.

Par Stacy Aubenas Publié le 27 février 2013 à 0 h 33

L’alimentation de millions de personnes sera mise en péril si on ne donne pas aux petits producteurs africains les outils et connaissances nécessaires pour enrayer la propagation des virus qui attaquent les plantes. C’est ce qu’estime Nteranya Sanginga, directeur général de l’Institut International d’Agriculture Tropicale.

“Les virus des plantes se propagent rapidement, annihilant les efforts réalisés en matière de sécurité alimentaire. Les majorité des agriculteurs sont pauvres et doivent faire face aux maladies virales avec des ressources limitées”, explique Sanginga.

La maladie de la mosaïque et des rayures marrons du manioc, celle du virus de la patate-douce et des rayures du maïs sont quelques exemples qui perdurent aujourd’hui en Afrique.

Le manioc particulièrement touché

Identifiée pour la première fois en 2004 en Ouganda, la maladie des rayures marrons du manioc s’est propagée depuis à toute la région des Grands Lacs, en Afrique orientale, causant des pertes allant de 30% à 70% des récoltes.

D’après l’Institut International d’Agriculture Tropicale, elle menace la sécurité alimentaire de 200 millions de personnes en Afrique orientale et centrale.

Selon Omongo, producteur de manioc en Ouganda, si les petits agriculteurs étaient informés correctement, ils pourraient empêcher la propagation du virus. “Les producteurs sont trop pauvres pour payer les variétés améliorées des plantes résistantes aux maladies. Le point crucial c’est la prise de conscience pour freiner la propagation”, explique-t-il.

William Otim-Nape, pathologiste ougandais de plantes, affirme que “les pertes sont amplement sous-estimées et souvent ignorées”. L’économiste Victor Manyong, de l’Institut International d’Agriculture Tropicale, estime que la maladie des rayures marrons du manioc cause chaque année des pertes d’un montant de 175 millions US$ en Afrique orientale.

Les agriculteurs doivent être formés

Otim-Nape déplore l’insuffisance de spécialistes en virus végétaux en Afrique pour apporter une réponse aux nombreux problèmes. Sanginga va dans le même sens: “Il y a une nécessité urgente d’affronter les maladies virales qui affectent les cultures basiques comme le manioc, la banane et le maïs, en utilisant les progrès scientifiques. Il faut que la science résolve ces problèmes”.

L’Afrique orientale a été un foyer de la maladie de la mosaïque dans les années 90 et les petits agriculteurs ont dû abandonner la culture du manioc. La maladie s’est ensuite répandue au Rwanda, au Congo, au Burundi et au Gabon, avant que des chercheurs ne trouvent une variété de manioc qui résiste à la maladie.

Malheureusement, pour Mercy Karanja, conseiller régional de la Fondation Bill et Melinda Gates pour l’Afrique orientale, les faibles budgets alloués à la recherche agricole dans la majorité des pays africains limite les investissements en études de ces maladies virales. “Nous avons besoin d’investir de l’argent dans la recherche. Et même quand les résultats des études sont prêts, il nous faut encore de l’argent pour nous assurer qu’ils parviennent bien jusqu’aux agriculteurs”, explique Karanja.

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