Un champignon profite du réchauffement et s’attaque au café

Avec près de la moitié des plantations d’arabica frappées par l’épidémie de rouille, les producteurs centraméricains se préparent à la pire récolte depuis 33 ans. L’augmentation des températures permet au champignon de conquérir des territoires autrefois inaccessibles, en particulier dans les régions montagneuses.

Par Octavia Tapsanji Publié le 4 mars 2013 à 0 h 22

Avec près de la moitié des plantations d’arabica frappées par l’épidémie de rouille, les producteurs centraméricains se préparent à la pire récolte depuis 33 ans. L’augmentation des températures permet au champignon de conquérir des territoires autrefois inaccessibles, en particulier dans les régions montagneuses.

Une progression exponentielle

L’avancée incontrôlable de la rouille du café sème la panique parmi les producteurs d’Amérique centrale, et l’état d’urgence a dû être déclaré au Costa Rica, au Guatemala et au Honduras.

À la mi-janvier, 50% des caféiers centraméricains étaient touchés par la maladie, provoquée par le champignon Hemilelia Vastatrix. La rouille du café s’attaque aux feuilles des végétaux et provoque leur chute prématurée, compromettant la croissance des fruits et la qualité des récoltes.

Présent sur le sol américain depuis plusieurs décennies, le champignon a proliféré de manière exceptionnelle cette année, à la faveur d’un hiver doux et humide offrant les conditions idéales à son développement.

La maladie se propage d’un pays à l’autre

Le Guatemala, le Salvador et le Honduras sont les trois pays d’Amérique centrale les plus touchés par la maladie. Le premier foyer important est apparu entre septembre et novembre 2012 au Honduras, puis s'est rapidement étendu aux territoires frontaliers, notamment au Nicaragua.

Selon les prévisions de l’Association cafetière du Salvador, la récolte 2013/2014 s’annonce comme la pire depuis 33 ans. Pour Salvador Roberto Inclán, président de l’organisme, cette catastrophe agricole est à mettre sur le compte du réchauffement climatique, qui se traduit dans la région par des pluies constantes et des températures en hausse :

« Cela fait des années que l’Amérique latine cohabite avec la maladie et la contrôle avec succès, mais le champignon est revenu en force à cause du changement climatique mondial et de l’augmentation de la température, estimée à 1,5°C au cours des 50 dernières années. »

Les zones d’altitude ne sont plus épargnées

Les producteurs assistent impuissants à l’extension de la zone de développement de la maladie. Jusqu’à présent, le champignon affectait uniquement les plantations se trouvant à moins de 1000 mètres d’altitude, mais cette année, il a progressé vers des cultures situées à plus de 2000 mètres au-dessus du niveau de la mer.

La menace est prise au sérieux par les autorités centraméricaines, qui craignent de voir chuter l’une de leurs principales exportations. Une commission spéciale internationale devrait bientôt voir le jour afin de coordonner les efforts des différents pays pour tenter d’éradiquer la maladie.

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