Le mercure disparaît… et retourne sous terre

Exploitée pendant plus de 2000 ans, la plus grande mine de mercure au monde servira finalement au stockage définitif de ce métal, jugé trop dangereux. Les milliers de tonnes de mercure récupérées au sein de l’UE y seront transformées en un matériau inerte et non polluant.

Par Stacy Aubenas Publié le 7 mars 2013 à 0 h 10

Exploitée pendant plus de 2000 ans, la plus grande mine de mercure au monde servira finalement au stockage définitif de ce métal, jugé trop dangereux. Les milliers de tonnes de mercure récupérées au sein de l’UE y seront transformées en un matériau inerte et non polluant.

Les anciennes mines d'Almaden (Ciudad Real) tiendront, comme prévu, le stockage définitif du mercure excédentaire de l'Union européenne, avec l'installation d'une usine capable de transformer une société minière activité traditionnelle dans une société de technologie de pionnier en matière de R & D + i.

La fin du métal liquide

Retour à la case départ pour le mercure, dont l’utilisation est désormais presque totalement interdite au sein de l’Union Européenne. Ironie de l’histoire, c’est sur le site d’Almadén, le plus grand gisement au monde de mercure, que seront stockés les déchets après neutralisation.

Situées à 200 kilomètres au sud de Madrid, les mines ont été exploitées par les Romains dès l’Antiquité et ont produit plus de 250 000 tonnes de métal liquide au cours des deux derniers millénaires.

Banni de la vie quotidienne en raison de sa haute toxicité, le mercure suit aujourd’hui le chemin inverse. Les mines d’Almadén se transforment en une centrale de retraitement à la pointe de la technologie, capable de transformer le mercure en un métal solide, inerte et non polluant.

Stockage définitif grâce à des procédés exclusifs

Selon Fernando Murillo, président des Mines d’Almadén et Arrayanes (MAYASA), le site pourra recevoir jusqu’à 5000 tonnes provenant d’Espagne et 15 000 tonnes de l’UE.

Depuis l’arrêt en 2011 de la commercialisation et de l’exportation du mercure dans la communauté européenne, MAYASA a breveté deux techniques de stockage du mercure.

La première permet le stockage temporaire de 50 tonnes de métal liquide dans des cubes d’acier, tandis que la seconde concerne le procédé de neutralisation du mercure, aussi appelé inertage.

Transformés en lingots solides et non polluants, les déchets pourront ensuite être entreposés de manière définitive, dans une centrale de stockage qui sera construite sur place.

La région accueillera par ailleurs le Centre technologique national de décontamination du mercure, chargé de coordonner les différentes initiatives dans le domaine de la recherche et des technologies appliquées aux problèmes de pollution.

Un lieu d’histoire à visiter

La reconversion des mines d’Almadén comprend également un aspect environnemental avec un domaine agricole de 9000 hectares consacré à l’élevage d’ovins et à différentes cultures, ainsi qu’à l’exploitation forestière.

Parallèlement, le projet mise sur l’aspect culturel du site. Le Parque Minero permet de visiter la mine principale, située à 50 mètres de profondeur, qui fut exploitée au cours des 16e et 17e siècles, ainsi que l’Hôpital du Mineur et le Musée du mercure.

Classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco en 2012, le site accueille chaque année de nombreux touristes, venus découvrir l’histoire de l’un des hauts lieux de la métallurgie espagnole.

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