Pas de relâche dans les exécutions de mineurs

En dépit des traités internationaux dont il est signataire, le Yémen exécute de plus en plus de jeunes mineurs au moment des faits.

Par Octavia Tapsanji Modifié le 14 mars 2013 à 9 h 43

En dépit des traités internationaux dont il est signataire, le Yémen exécute de plus en plus de jeunes mineurs au moment des faits.

©Reuters

Dans un rapport publié en mars, l’ONG Human Rights Watch avance que le Yémen, qui est un des champions de la peine capitale, exécute de plus en plus de mineurs. Des rapports comptent 186 mineurs en jugement pour meurtre. Emprisonnés dans les mêmes établissements surpeuplés que les adultes, la plupart déclare avoir reçu des coups et des décharges d’électricité qui les ont amenés à avouer.

Des lois non appliquées

Le Yémen est signataire de la Convention pour les droits de l’enfant ainsi que l’ « International Covenant on Civil and Political Rights », qui prohibent la peine de mort pour les mineurs meurtriers. Pourtant, il y a eu 15 jeunes exécutés en 5 ans. 80 % de la population rurale est illettrée et ne possède pas d’extrait de naissance. Impossible de prouver son âge. C’est le cas de Mariam al-Batah, 19 ans, qui est dans le couloir de la mort depuis 4 ans, comme 21 autres jeunes. Mariée de force à 12 ans, elle était battue par son mari qui l’enfermait pendant des semaines et la laissait mourir de faim. Un jour, «hagarde et désorientée après un long enfermement», en tentant de s’enfuir, elle renverse l’enfant de la première femme de son mari, qui est mort sur le coup. Enceinte, sans extrait de naissance, elle a été condamnée. Pourtant, selon la loi yéménite, les mineurs condamnés pour meurtre ne doivent recevoir qu’un maximum de 10 ans, et non la peine de mort comme les adultes.

Une chercheuse à HRW, Priyanka Motaparthy, explique : « Le fait de pouvoir prouver son âge est essentiel dans ces cas. Toutefois, la plupart du temps, même quand on a obtenu une preuve de l’âge, les juges et les procureurs demandent encore la peine de mort ».

Des exécutions qui révoltent l’opinion internationale

Une écolière de 15 ans, Hind al-Barti, a été accusée d’avoir mis le feu à une autre avec de l’essence. Apparemment, les familles influentes de son village l’auraient menacée de représailles sur sa famille si elle n’endossait pas le crime. La police l’a battue et menacée de viol, a-t-elle déclaré à HRW il y a un an. Et le tribunal a égaré son acte de naissance. En dépit de l’attention internationale qu’a reçue cette affaire, le gouvernement s’est dépêché de la fusiller.

Jean Zermatten, directeur du comité de l’ONU sur les Droit de l’enfant déclare : "Nous ne sommes pas seulement outragés des exécutions de mineurs, en contravention avec la loi internationale, mais nous sommes profondément inquiets de leur recrudescence”.

Sevag Kechichian, un chercheur à Amnesty International, doute lui aussi du système judiciaire :

"Les médecins payés par le gouvernement pour déterminer l’âge de l’accusé sont fantaisistes. Ils utilisent un jargon vague et pas de méthode exacte ».

UNICEF travaille dans la région pour enregistrer un maximum de naissances afin d’essayer d’enrayer les peines de mort.

Le porte- parole du Ministère de la justice Fouad al-Ghassari se justifie : "Nous sommes en pourparlers avec le gouvernement à ce sujet. Nous avons besoin de temps, de spécialistes et de l’aide internationale."

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