L’obésité, plus que jamais la maladie des pauvres

Quelle différence entre un supermarché populaire et une luxueuse galerie commerciale ? Le poids des clients. Au Panamá, les problèmes d’obésité et de surpoids concernent 6 habitants sur 10, mais ne frappent pas toutes les classes sociales de la même manière.

Par Stacy Aubenas Publié le 18 mars 2013 à 0 h 34

Quelle différence entre un supermarché populaire et une luxueuse galerie commerciale ? Le poids des clients. Au Panamá, les problèmes d’obésité et de surpoids concernent 6 habitants sur 10, mais ne frappent pas toutes les classes sociales de la même manière.

Un pays obèse

Il suffit de déambuler quelques heures dans les rues piétonnes de la capitale, où les ménages les plus modestes ont l’habitude de faire leurs courses, pour s’imaginer que l’embonpoint est une caractéristique commune à tous les Panaméens. Une impression qui correspond bien à la réalité : une étude coordonnée par le ministère de la Santé révèle en effet que la population compte 61,8 pour cent de personnes obèses ou en surpoids.

Inversement, dans les galeries commerciales huppées où trônent les grandes marques de luxe internationales, les tours de taille s’affinent et les clients présentant des problèmes de poids se font plus rares.

Plusieurs études permettent d’expliquer ce contraste frappant, à l’opposé des clichés qui pendant des millénaires ont associé la pauvreté à la minceur. Des travaux menés au Pérou dans les années 90 ont par exemple mis en évidence le lien entre obésité et mauvaise qualité de l’alimentation, en particulier l’excès de fritures et de sodas, souvent privilégiés au sein des foyers les plus modestes.

Les riches sont touchés différemment

Une étude américaine mettant en parallèle le niveau socioéconomique et la masse corporelle chez les femmes au Mexique a également démontré que les plus pauvres étaient les plus touchés par le surpoids.

Ces résultats ne s’appliquent évidemment pas aux populations souffrant de la faim de manière chronique, comme c'est souvent le cas au Sahel. Ils concernent néanmoins quelque 2,4 milliards de personnes à travers la planète, qui vivent en dessous du seuil de pauvreté et dont les possibilités d’alimentation sont extrêmement limitées.

Bien sûr, l’obésité touche aussi les pays riches, mais d’une façon différente. Dans les communautés les plus pauvres, les céréales constituent souvent la base de l'alimentation et conduisent à un excès en sucres simples. Les populations aisées ont en revanche tendance à abuser des produits d’origine animale, riches en graisse et pauvres en fibres.

L’épidémie coûte cher

Dans tous les cas, le surpoids a d’importantes conséquences sur la santé et se manifeste essentiellement par un risque accru de diabète, d'hypertension et de problèmes pulmonaires ou cardiovasculaires.

Au Panamá, un habitant sur cinq souffre d’hypertension, tandis que le diabète est responsable de 31 % des décès. Par ailleurs, les symptômes sont de plus en plus précoces et se s’observent parfois chez des jeunes âgés de 18 ans seulement.

L’épidémie d’obésité qui frappe l’Amérique latine a également de lourdes conséquences au niveau économique : selon l’OMS, la lutte contre ce fléau engloutirait déjà près de 2 % du PIB de la région.

2 commentaires on «L’obésité, plus que jamais la maladie des pauvres»

  • Le problème de l’obésité dans le monde est très bien expliqué par Pierre Weill dans son livre ” Tous Gros Demain”. Excellent livre, facile à lire et scientifiquement charpenté, remettant en cause certaines études et, notamment celle sur le cholestérol. Il montre comment en 40 ans, l’industrie agro alimentaire a modifié notre régime ancestral en multipliant par 10 le rapport oméga6/oméga3 avec les conséquences qui en résultent sur la santé de la population humaine, et, comment un retour à la nourriture traditionnelle des ruminants avec de l’herbe et du lin – source d’oméga 6 et d’oméga 3 – peut, avec la fin des huiles végétales type huile de palme, enrayer ce développement d’embonpoint généralisé.

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  • Selon Jean Ziegler, la planète pourrait nourrir 12 milliards d’habitants. Peut-être : en théorie, il est facile de réduire les gaspillages et de répartir équitablement les ressources, mais en pratique c’est beaucoup plus difficile, on n’y est jamais arrivé !
    Mais surtout la question est comment les nourrir ?
    – En réduisant la part des produits animaux (lait, viande, poisson) dans les pays riches ? ce serait une excellente chose.
    – En distribuant aux pays pauvres les céréales ayant ainsi échappé à l’alimentation animale ? mais voilà, plus de céréales dans la ration quotidienne, c’est plus de malbouffe, plus d’obésité, plus de diabète.
    – En multipliant les cultures de fruits et légumes ? Oui, pour la santé ce serait nécessaire, mais ces denrées sont périssables et coûteuses à transporter et à conserver. Leur fragilité augmenterait les pertes et donc le gaspillage, et les rend inadaptés pour constituer des réserves alimentaires. Et puis la production de masse de fruits et légumes, on voit ce que ça donne dans la plaine d’Alméria en Andalousie : des km2 de serres de plastique.

    Alors, oui, il serait possible de nourrir 7, peut-être 8 milliards d’habitants, mais plus nous serons nombreux, plus ce sera avec une nourriture de basse qualité et bon marché : céréales, sucre,huile de palme, et tout ça cultivé en chimie intensive (tant qu’il y a du pétrole et du gaz ! après, on ne répond plus de rien !)

    La surpopulation induit la malbouffe.
    Est-ce l’avenir que nous souhaitons à nos descendants en chérissant les familles nombreuses ?

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