Compter les papillons, une contribution bénévole à l’étude du réchauffement

À travers toute l’Europe, des centaines de volontaires arpentent la campagne, comptabilisant les papillons croisés en chemin. Grâce à sa simplicité, cette méthode permet d’étudier à moindre coût l’impact du réchauffement climatique sur les écosystèmes locaux.

Par Mathieu Viviani Publié le 23 avril 2013 à 0 h 15

À travers toute l'Europe, des centaines de volontaires arpentent la campagne, comptabilisant les papillons croisés en chemin. Grâce à sa simplicité, cette méthode permet d'étudier à moindre coût l’impact du réchauffement climatique sur les écosystèmes locaux.

© Incomposition

Des parcours standardisés

À la fois fragiles et fascinants, les papillons permettent de mesurer avec précision l'état de santé des milieux écologiques, sans qu'il soit nécessaire de recourir à des technologies complexes et coûteuses.

La brièveté de leur cycle de vie, leur sensibilité aux changements d'habitat et l'attrait qu'ils exercent sur les amoureux de la nature font de ces insectes de précieux indicateurs pour l'étude du réchauffement planétaire et du changement d'affectation des sols.

Au cours des 20 dernières années, les programmes de suivi de papillons diurnes se sont multipliés à travers l'Europe, et concernent aujourd'hui 19 régions. Née en Angleterre en 1976, cette pratique est apparue dès 1994 en Catalogne, l'une des régions pionnières dans le domaine. Baptisé CBMS (Catalan Butterfly Monitoring Scheme), le programme s’appuie sur une méthodologie standardisée, afin de permettre une récupération et une interprétation des données au niveau international. Les bénévoles sont invités à effectuer des parcours de 1 km une fois par semaine, entre mars et septembre, en comptant les papillons qu'ils rencontrent en chemin.

Avec des scarabées, ça n’aurait pas marché !

Depuis 1994, plus de 100 volontaires participant au CBMS ont ainsi parcouru quelque 39 226 km, comptant près de 2 millions de papillons appartenant à quelque 200 espèces. Face au succès rencontré par le programme catalan, l'initiative a également donné naissance à des projets pilote au Pays basque, dans le parc de Doñana et dans la Sierra Nevada.

Pour Constantí Stefanescu, coordinateur du programme catalan, l'adhésion du public est due à la fascination qu’exercent sur nous les papillons. « Ce serait impensable si nous avions travaillé avec des scarabées », affirme le spécialiste. Au niveau européen, les programmes de suivi s'intéressent à deux indicateurs. Le premier concerne le déclin des populations de papillons des prés, estimé à 50 % depuis 1990, tandis que le second mesure les effets du changement climatique.

Les populations de papillons ne migrent pas assez vite

Entre 1990 et 2009, les scientifiques ont constaté un déplacement des papillons de 75 km vers le nord, insuffisant cependant pour suivre le rythme imposé par le réchauffement planétaire. Car dans le même temps, l'isotherme (la ligne géographique correspondant à une température donnée) s'est en effet déplacée de 250 km. Dans les zones montagneuses, le phénomène se traduit par une montée en altitude des populations de papillons, mais pour les espèces vivant déjà au sommet des montagnes, il n’y a pas d’alternatives. « Les papillons des étages supérieurs ne peuvent pas aller plus haut et il n'existe pas d'autres montagnes aux caractéristiques similaires », déplore Ignacio Henares, conservateur du parc national de la Sierra Nevada.

Le réchauffement est en train de bouleverser l'habitat des papillons, mais c’est en fait l’ensemble des activités humaines qui est responsable de leur disparition. « Le changement climatique est l'un des moteurs, accélérant ou multipliant les effets, mais le changement d'affectation des sols a un impact plus important. », conclut Ignacio Henares.

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