20ème anniversaire de La croix verte internationale de Gorbatchev

Le 20 avril La Croix Verte Internationale fondée par Mikhaïl Gorbatchev fêtait ses 20 ans d’existence. L’objectif premier de son ONG est d’assurer “un avenir durable pour toutes les populations du monde, notamment en provoquant un changement de certaines valeurs ou en encourageant la prise de conscience quant à l’impact que peut avoir l’Homme sur son environnement”.

Par Mathieu Viviani Modifié le 26 avril 2013 à 10 h 39

Le 20 avril La Croix Verte Internationale fondée par Mikhaïl Gorbatchev fêtait ses 20 ans d'existence. L'objectif premier de l'ONG de l'ultime Secrétaire général du Parti communiste de l’ ex-Union soviétique est d’assurer "un avenir durable pour toutes les populations du monde, notamment en provoquant un changement de certaines valeurs ou en encourageant la prise de conscience quant à l’impact que peut avoir l’Homme sur son environnement".

Image Mikhail Gorbachev
© Veni

Environnement : trop tard et pas assez

Les vingt ans d'existence de La croix verte internationale conduit cependant Gorbatchev à un constat des plus amer sur les questions environnementales et climatiques : «Tout ce qui a été fait l’a été trop tard et ce n’est pas assez». Âgé aujourd’hui de 82 ans, l’homme qui a initié la Perestroïka (la restructuration) et la Glasnost (l’ouverture) d’une Union Soviétique figée dans ses certitudes idéologiques, et qui a reçu le Prix Nobel de la Paix en 1990, ne peut être soupçonné de "politique politicienne", pas plus que de vouloir gagner quelque chose ou chercher à satisfaire un intérêt personnel en faisant un tel constat. Au vu de son âge qui en fait un vieux sage, de son expérience et de sa notoriété, il s’agit de manière presque dramatique d'un terrible aveu d'impuissance des grands leaders de notre monde à faire entrer l’humanité et le monde dans une nouvelle ère, celle où seraient enfin sérieusement prises en compte les questions environnementales et la nécessité d'inventer un système économique à même de respecter les limites de la biosphère, et de cesser le gaspillage des ressources communes à tous les hommes.

Une réalité inquiétante

Au-delà de l’amertume compréhensible de son  « Tout ce qui a été fait l’a été trop tard et ce n’est pas assez », les faits tendent hélas à corroborer ce constat. En matière d’énergie et d’émission de gaz à effet de serre, la très conservatrice Agence Internationale de l’Energie admet ainsi que « pour la majorité des technologies économisant l’énergie et réduisant les émissions de CO2, la lenteur des progrès est alarmante ». Sa directrice Maria van der Hoeven admet encore que « la quête d’un système énergétique mondial propre est tombé en panne » et que « malgré les discours des dirigeants mondiaux, et malgré le boom des énergies renouvelables lors de la dernière décennie, l’unité moyenne d’énergie produite aujourd’hui est, en gros, aussi sale qu’il y a vingt ans ». Dans le même esprit, rappelons la récente décision du parlement de l'UE de ne pas agir sur le prix des quotas de CO2 afin de préserver la compétitivité de l'industrie européenne. Des faits et des décisions qui loin de construire l'avenir des générations futures, le met au contraire en péril.

Alexander Likhotal, Président de Green Cross International, affirme dans un communiqué de l'ONG « le besoin urgent de trouver des solutions systémiques et intégrées. Une optimisation à court terme peut mener à un désastre à long terme. Les leaders doivent être honnêtes sur l’ampleur du défi et admettre que des petits gestes ne suffiront plus ». L'inquiétude et la volonté que trahit une telle déclaration ne semblent hélas trouver aucun écho dans la sphère politique et économique actuelle. Face à la morosité de la conjoncture et aux prévisions de croissance anémique, au lieu d'inventer un nouveau modèle, c'est le repli sur le libéralisme et les antiennes du marché que sont désormais la compétitivité, l'efficacité et l'efficience de l'économie.

Une vue à très court terme dont même Jim Yong Kim, président de la Banque Mondiale s'inquiète lorsqu'il déclare qu'un « monde à + 4 °C [...] déclencherait une cascade de changements cataclysmiques, dont des vagues de chaleur extrême, une chute des stocks alimentaires et une montée du niveau de la mer frappant des centaines de millions de personnes »;  et que « ce monde serait tellement différent de celui dans lequel nous vivons qu’il est difficile de le décrire ».

Quant à Gorbatchev, il continue en dépit de son amertume, d’espérer. A l'occasion du 20ème anniversaire de de La croix verte internationale, il réaffirme ainsi la nécessité « d’une perestroika du développement durable pour révolutionner la façon dont les gens donnent un sens à leur vie : la leur, celle de leurs enfants et fondamentalement celle de la planète que nous partageons ». On ne peut que lui souhaiter d'être entendu.

Thierry Tacite

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