Cuisiner pour sauver le système alimentaire selon Michael Pollan

L’hymne de l’auteur Michael Pollan, journaliste, activiste, aux joies de la cuisine maison est admirable.

Par Octavia Tapsanji Publié le 15 mai 2013 à 0 h 27

L'hymne de l’auteur Michael Pollan, journaliste, activiste, aux joies de la cuisine maison est admirable.

©Alex Proimos

Cuisiner, un choix de société ?

Pourquoi cuisiner ? Pourquoi s'en faire ? Quiconque le fait déjà, c'est-à-dire prépare ses plats  de A à Z (rôtit et grille, mixe ses soupes, réduit ses sauces, coupe et pétrit etc…) considère ces questions comme allant d’elles-mêmes. Parce que la nourriture que vous cuisinez est meilleure pour vous, tant sur le plan de la santé que du bien-être mental... Cela familiarise les jeunes à de bonnes habitudes alimentaires. Vous connaissez tous les ingrédients qui composent votre dîner – en plus c’est satisfaisant.

Cela parait irréfutable mais, quand l’écrivain américain, Michael Pollan, pointe du doigt nos interactions avec les aliments transformés que nous ingurgitons, la survie de la cuisine à la maison est en fait une victoire. En tant qu'espèce, nous avons travaillé fort pour pouvoir travailler moins, ou du moins pour trouver des moyens de déléguer à d'autres les tâches les plus ennuyeuses. Autrefois, nous étions tous des agriculteurs de subsistance ; depuis, il est devenu plus logique de ne laisser que quelques personnes à la ferme, afin que nous puissions tous décrocher des emplois plus intéressants. Il y a quelques centaines d'années, seuls les plus riches pouvaient faire réaliser leurs vêtements par d’autres, la majorité les cousait eux-mêmes. Aujourd'hui, la couture à la maison est devenue un hobby.

Politique des genres

Mr Pollan questionne, pourquoi n’amenons-nous pas les entreprises à faire des choses vraiment fastidieuses comme hacher les oignons ? Pour l’auteur, se battre pour garder la cuisine à la maison, face à la puissance des sociétés qui, à travers les plats cuisinés, les « fast-food » et le reste, est un engagement politique mais se heurte aussi au problème d’égalité des sexes. Comme il le dit, un homme qui prône plus de cuisine faite maison est sur un terrain glissant, que nous l’approuvions ou non, étant donné que cette charge incombe souvent aux femmes.

Face à cela, et à partir d'une vision américaine, Mr Pollan rassemble de forts constats sur le processus de fabrication de la nourriture industrielle, et sa dépendance au sel, au gras et au sucre pour piéger le consommateur. Nous devrions les faire cuire nous-mêmes, pour éviter cela. Grâce à ses précédents best-sellers tels que « The Omnivore’s Dilemma » et « In Defence of food », il est considéré comme l'analyste en chef et le procureur contre une chaîne alimentaire mondiale de plus en plus déformée.

Repenser la gastronomie moderne

Le problème pour Pollan est que son argument, bien que séduisant, est relativement court: les individus des Cultures et Sociétés qui cuisinent davantage leur propre nourriture sont généralement plus minces, plus sains et plus heureux. (En effet, dit-il, il existe plus de corrélation entre l'obésité et le fait de ne pas cuisiner, qu'il n'y en a entre l'obésité et les faibles revenus.)

Mr Pollan est plutôt obsédé par l'authenticité des aliments et le développement toujours plus fort du processus de nourriture industrielle. A ce stade, il n’épargne rien : le choix des aliments par les entreprises, leurs modes de cuissons, afin de créer des plats cuisinés tout prêts qui ne sauvent ni du temps ni de l’argent. Mais définir les aliments cuits à la maison comme plus « authentiques » est un des grands dilemmes de la gastronomie moderne. Recettes et méthodes sont un processus en constante évolution. Alors, comment allez-vous trouver l'original ? Où exactement pouvez-vous trouver la version « authentique » ? L'histoire de l'humanité et de notre relation à la nourriture est toujours en mouvement. Comme Mr Pollan le dit à juste titre, la phase que nous vivons en ce moment est l'une des moins appétissantes. Il n'y a alors qu'une seule solution: nous devons tous retourner à notre cuisine maison. Amen.

1 commentaire on «Cuisiner pour sauver le système alimentaire selon Michael Pollan»

  • Je préfère la cuisine maison et en plus manger des plats préparés revient toujours à manger la même chose. En cuisinant nous-même, on peut varier ce que l’on mange à l’infini…

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