Boostée par les biocarburants, l’huile de palme remplace les cultures traditionnelles

Pour satisfaire la demande croissante en biodiésel, les surfaces plantées augmentent de 7% par an, menaçant de dépasser celles consacrées à la banane. Des efforts sont faits pour préserver la forêt, mais n’empêchent pas l’huile de palme de se substituer aux cultures destinées à l’alimentation.

Par Mathieu Viviani Publié le 2 juillet 2013 à 0 h 05

Pour satisfaire la demande croissante en biodiésel, les surfaces plantées augmentent de 7% par an, menaçant de dépasser celles consacrées à la banane. Des efforts sont faits pour préserver la forêt, mais n’empêchent pas l’huile de palme de se substituer aux cultures destinées à l’alimentation.

© Wagino 20100516

Des producteurs formés aux pratiques durables

Première production nationale depuis plusieurs décennies, la banane pourrait bientôt se faire damer le pion par l’huile de palme, qui connaît une croissance fulgurante dans les zones tropicales. Avec 240 000 hectares cultivés et une augmentation annuelle de 7 %, les plantations de palmiers à huile se sont multipliées et offrent aujourd’hui des revenus à plus de 7000 producteurs.

Sous le contrôle du gouvernement et de l’Association nationale des cultivateurs de palme africaine (ANCUPA), les pratiques ont évolué pour tenter de minimiser l’impact environnemental des plantations, accusées d’encourager la déforestation.

Les producteurs bénéficient désormais d’une initiation aux méthodes de contrôle biologique, et apprennent à lutter contre les organismes nuisibles grâce à des procédés naturels. L’activité est également soumise à une demande de permis auprès du ministère de l’Environnement, qui s’assure que les parcelles cultivées n’interfèrent pas avec des zones protégées.

L’espace manque pour produire des biocarburants

Mais la politique gouvernementale d'encouragement des biocarburants produits à partir d’huile de palme inquiète les spécialistes. Pour Jaime Breihl, directeur du département Santé et Environnement à l’université andine, le modèle actuel ne satisfait pas aux exigences fondamentales d’une production durable. « Ces monocultures s’étendent sur d'immenses surfaces et conduisent à la destruction des éléments écosystémiques, notamment des ressources essentielles comme l’eau », explique le scientifique.

Si d’immenses pays comme l’Argentine ou le Brésil peuvent se permettre de sacrifier des centaines de millions d’hectares pour la production de biocarburant, ce n’est pas le cas de l’Équateur, à la fois trop petit et très riche en biodiversité. Au Brésil, 300 millions d’hectares sont consacrés à ces cultures, tandis que l’Équateur dispose seulement de 12,3 millions d’hectares pour l’ensemble de sa production agricole.

Les monocultures, une menace pour la biodiversité

Pour Manuel Suquilanda, spécialiste des sciences agricoles à l’Université centrale, il importe de privilégier les cultures destinées à l’alimentation : « Ce n’est pas cohérent, nous ferions mieux d’acheter des biocarburants et de produire des aliments. Nous devons gérer au mieux le peu de sols dont nous disposons. »

En règle générale, les plantations de palmiers à huile s’installent sur des terrains où étaient cultivés jusqu’alors des bananes, du café ou du cacao. L’arrivée des monocultures entraîne souvent une baisse de la fertilité et de la biodiversité, et conduit aussi au déplacement des populations vivant sur ces terres.

Selon une étude gouvernementale, l’Équateur compte environ 628 000 hectares aptes à la culture de l’huile de palme et n’interférant pas avec les zones protégées.

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