La RSE pour protéger les femmes des viols en groupe ?

Un nouveau viol collectif, cette fois-ci celui d’une journaliste photo à Mumbai, ulcère l’opinion nationale. Dans une tribune au Business Standard, un influent publicitaire appelle les entreprises à agir dans le cadre de leur politique RSE, pour protéger leurs clientes…

Par Octavia Tapsanji Modifié le 11 septembre 2013 à 10 h 20

Un nouveau viol collectif, cette fois-ci celui d’une journaliste photo à Mumbai, ulcère l’opinion nationale. Dans une tribune au Business Standard, un influent publicitaire appelle les entreprises à agir dans le cadre de leur politique RSE, pour protéger leurs clientes...

©Dwijenmahanta

Un système de sécurité renforcé

La série de viols collectifs sur des jeunes femmes continue d’attirer le feu des projecteurs sur l’Inde. Le dernier en date s’est passé à Parel, le 22 août dernier. Ce quartier de Mumbai concentrait encore récemment des confections où collaboraient sans problèmes des hommes et des femmes de tout le pays. Il était considéré comme l’un des endroits les plus sûrs pour les femmes dans tout le pays. KV Sridhar, responsable créatif national dans l’agence Leo Burnett, s’indigne et appelle les grandes entreprises à protéger leurs clientes. Extraits.

« Agences de publicité, marques réputées, grandes entreprises : tous, nous sommes toujours très bons pour critiquer. Mais la série de viols qui frappe le pays est aussi notre échec. Pourquoi les grandes entreprises de sécurité n’installeraient-elles pas des caméras de sécurité dans les endroits fréquentés le soir par les femmes ? Pourquoi les grands acteurs du secteur des nouvelles technologies, TCS, Infosys et autres, ne pourraient-elles pas gérer un tel réseau de vidéosurveillance ? La police n’a pas les ressources nécessaires pour agir. Alors que faisons-nous, à part attendre les prochaines élections ?

Protéger celles qui font vivre les entreprises

La RSE, voilà un concept à la mode dans toutes les grandes sociétés. Elles mettent souvent en avant des actions qui n’ont rien à voir avec leur corps de métier ou leurs clients. Il serait incontestablement plus ‘socialement responsable’ de commencer par protéger celles qui les font vivre...

La magazine Femina dépense des sommes astronomiques pour organiser chaque année le concours ‘Miss Inde’. Pourquoi ne consacrerait-il pas une partie de cette manne à protéger ses clientes ? Contrairement à la plupart des actions RSE sur lesquelles on communique activement, ce ne serait pas là seulement des oeuvres caritatives discutables. Cela constituerait plutôt un bien faible retour de balancier pour nos clientes qui nous font preuve d’une grande loyauté depuis tant d’années ».

Un changement des mentalités nécessaire

L’idée est honorable et nécessaire. Mais ce qu’il faudrait avant tout pour protéger les Indiennes, c’est un changement radical de mentalité d’une société qui ne manque pas de préjugés inquiétants. Comme le rappelait Kavita Krishnan, une influente féministe indienne, suite au viol de Mumbai, l’accent des autorités de l’Etat a récemment changé. « Le département des affaires intérieures du Maharashtra est passé d’une politique de protection des femmes à une stratégie de réduction de leurs libertés. Le ministre RR Patil a récemment promu une ‘police des moeurs’ qui fait des descentes nocturnes dans les bars et les restaurants. Elle vise à interdire aux femmes de sortir la nuit. Des bars dans lesquels les femmes pouvaient danser sur la scène ont été fermés. Mumbai, qui était une des villes les plus sûres pour les femmes, ne l’est plus. Cela changera seulement quand la police recommencera à nous protéger, au lieu de vouloir restreindre nos moindres mouvements ». Une situation qui est malheureusement la même un peu partout dans le sous-continent...

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