Polluer l’eau pour assainir l’air ? Le difficile dilemme du GNS chinois

Pour assainir l’air qui atteint des pics de pollution dans ses grandes villes, la Chine tente tout. Une des facettes de sa réponse à ce problème : la transformation du charbon en gaz naturel. Mais selon un think-tank, la réalisation de ce projet pourrait assoiffer plusieurs régions…

Par Pauline Hossin Modifié le 15 novembre 2013 à 14 h 36

Pour assainir l’air qui atteint des pics de pollution dans ses grandes villes, la Chine tente tout. Une des facettes de sa réponse à ce problème : la transformation du charbon en gaz naturel. Mais selon un think-tank, la réalisation de ce projet pourrait assoiffer plusieurs régions...

© E. B.

Le Gaz Naturel Synthétique pour lutter contre la pollution de l'air

Remédier à la pollution de l’air est un des soucis prioritaires du gouvernement chinois. Comme l’illustre à l’extrême la situation à Harbin, capitale du Heilongjiang paralysée par la pollution atmosphérique, la situation est devenue intenable.

Parmi les nombreuses mesures prises pour lutter contre ce fléau national, le développement du Gaz Naturel Synthétique (GNS). Ce gaz dont la combustion est moins polluante que celle du charbon, est justement produit à partir de cette houille omniprésente dans le sous-sol chinois. Problème, la production du GNS est polluante, notamment pour l’eau. Le développement à grande échelle de cette technologie présente donc un dilemme aux décideurs chinois. Faut-il réduire la pollution de l’air issue de la production d’électricité à partir du charbon, pour assoiffer des régions entières en le convertissant en GNS ? C’est le parti que semble avoir pris le Parti...

En effet, la construction de 18 méga usines de GNS a été approuvée cette année. Au nombre de ces projets, une usine colossale va voir le jour dans la province autonome du Xinjiang (ouest chinois). Elle devrait produire 30 milliards de mètres cube de GNS par an, pour un investissement prévu de 183 milliards de yuans (près de 22 milliards d’euros).

Une menace pour les ressources aquifères chinoises

Selon le World Resources Institute (WRI), un think-tank indépendant basé en Chine et aux USA, la mise en service de ces usines est une menace pour les ressources aquifères chinoises. Ces unités de production sont en effet situées dans des régions pauvres en eau, dont la production de GNS est très gourmande. Elles devraient consommer entre 500 et 700 millions de mètres cubes d’eau par an. « Cela représente 20% de l’eau qui a été consommée par l’industrie en 2011. De quoi aggraver la situation dans ces provinces » écrivent les analystes de WRI.

Sachant cela, pourquoi la production de GNS est prévue dans des régions sèches (le sud de la Chine dispose de bien plus importantes ressources aquifères) ? La réponse est économique : le charbon est au nord, son transport dans des provinces riches en eau rendrait le coût de production rédhibitoire...

Pour réduire la pollution de l’air qui asphyxie la Chine, il faudrait donc en toute logique renoncer au GNS, de peur de voir le problème non pas résolu, mais déplacé, voire aggravé. En effet, la production de GNS n’est pas non plus neutre en termes de pollution atmosphérique. Rien n’assure donc que cette stratégie assainirait l’air chinois. Mais selon le WRI, elle polluerait par contre certainement ses rivières...

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