Le Grand Paris est-il compatible avec la transition énergétique ?

Par GV Modifié le 16 septembre 2014 à 14 h 35

Relancé en 2007 sous le mandat de Nicolas Sarkozy, le projet du Grand Paris a pour ambition de transformer l’agglomération parisienne en une métropole internationale, capable de rivaliser avec New-York, Londres ou Tokyo. Si le développement de cette nouvelle « ville monde » passera par de nombreux chantiers, il doit également s’inscrire dans une dynamique de transition énergétique permettant ainsi au projet d’avoir une dimension durable et responsable. À l’heure où la région importe 90 % de l’énergie qu’elle consomme, il est essentiel de pouvoir appréhender l’ampleur des besoins énergétiques que va nécessiter l’instauration de ce futur modèle urbain. C’est ainsi que les économies d’énergies et les énergies renouvelables devront être encouragées, portées notamment par la mise en place du Grand Paris Express. Ce nouveau réseau de transports devrait en effet faire exemple en matière de transition énergétique et peut compter particulièrement sur le soutien de Pierre Mongin, directeur de la RATP, pour se mettre en place.

Une augmentation de 30 % de la consommation électrique

Le Comité régional de l’habitat et de l’hébergement (CRHH) a dévoilé il y a quelques jours une carte de 43 sites représentant un potentiel ce création de 20 000 logements et visant à marquer la première étape du Grand Paris dans son engagement pour l’habitat. La Loi Métropole a prévu en effet que 70 000 logements devront être construits chaque année en Île-de-France, initiative permettant au Grand Paris de proposer une offre riche en termes d’habitation de qualité et veiller ainsi à l’amélioration du cadre de vie de ses habitants. Au-delà de la variable logement, le Grand Paris prévoit pour 2030 un accroissement de la population francilienne d’1,8 million d’habitants et la création d’un million d’emplois. Niveau mobilité, le chantier implique l’installation de 200 km de lignes de métro et de 72 nouvelles gares avec le nouveau réseau de transports en commun, nommé Grand Paris Express. La Société du Grand Paris (SGP) qui gère le projet souhaite également doubler le taux de croissance du PIB de la région pour le monter à 4%.

La barre est haute et ce projet est également l’occasion pour l’Île-de-France de montrer  au monde entier qu’elle possède les capacités pour devenir une ville durable, en mesure de répondre de manière efficace aux enjeux environnementaux de la transition énergétique. « Le Grand Paris est une opportunité majeure pour accompagner la transition énergétique parce qu'il y a une fédération de moyens et d'usages et une gouvernance dans le domaine de l'énergie, même si celle-ci mériterait d'être renforcée et davantage coordonnée », déclarait Laurent Lougerstay, vice-président du groupe Schneider Electric lors des débats sur le Grand Paris qui avaient lieu l’année et dernière et qui étaient présidés par Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale. Cependant, l’émergence de cette cité d’avenir va engendrer une augmentation de la consommation d’électricité de 30 %. Une donnée à ne pas négliger quand on sait la dépendance de la capitale en matière d’approvisionnement énergétique.

On estime à 2200 MW les besoins électriques supplémentaires que va entraîner le déploiement du Grand Paris. « Plus encore que cette estimation en énergie, ce sont bien les besoins en puissance électrique qui doivent faire l'objet d'une attention particulière pour garantir le passage de la pointe de charge hivernale », indique la direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie d'Ile-de-France (DRIEE). Pour répondre de façon efficiente à cette augmentation, il est important que les infrastructures d’approvisionnement soient au rendez-vous et qu’elles puissent honorer ce surplus de demande. C’est pourquoi RTE (Réseau de transport d’électricité) est actuellement en train de construire un compensateur statique de puissance réactive (CSPR) sur le poste électrique de Nanterre. Ce réseau intelligent de 3000 m2 sera activé d’ici la fin de l’année et aura pour mission de garantir en partie la qualité de l’alimentation en électricité et de parer à d’éventuels problèmes d’approvisionnement.

Le Grand Paris Express, un exemple d’efficacité énergétique

Hausse du nombre de Data Centers, essor du véhicule électrique, les facteurs énergivores vont apparaître en nombre et impacter la future consommation électrique du Grand Paris. Si l’installation de smart grids va permettre de satisfaire cette demande, le développement des énergies renouvelables et la réalisation d’économies d’énergies doivent être aussi préconisés et appliqués. La capitale pourra ainsi renforcer son aspect « green friendly » grâce au Grand Paris Express, son réseau de transports en commun  qui devrait présenter de sérieux atouts en termes d’efficacité énergétique. La Société du Grand Paris et l’Institut Efficacity ont à ce titre signé un accord où chacune des parties s’engage à travailler afin « d’accélérer la recherche et le déploiement des technologies nouvelles qui permettront de faire du projet du Grand Paris Express une vitrine de l’excellence française en matière de développement urbain durable ». Pour ce faire, de multiples champs d’action sont envisagés, tels « la géothermie, la récupération de l’énergie fatale des trains et l’optimisation énergétique entre la gare et son quartier ».

Ce projet qui prévoit la création de quatre lignes de métro automatique autour de Paris, et l'extension de deux lignes existantes vient de recevoir le soutien d’un acteur qui fait référence dans le domaine du transport urbain, à savoir Pierre Mongin, directeur de la RATP. Alors que ce dernier présentait les bons résultats du premier semestre de sa société, il en a profité pour dire sa volonté de s’investir dans ce chantier. «Nous avons la volonté de soutenir nos collègues de la SGP. C’est ce que j’ai proposé la semaine dernière à Philippe Yvin. Bien sûr, il y a des règles, des appels d’offres et nous avons le désir et la capacité de répondre», annonçait-il avant d’ajouter «Nous sommes des experts facilitateurs de leur projet et nous pouvons leur donner un sacré coup de main ». Pour l’heure, les travaux concernant la prolongation de la ligne 14, vers mairie de Saint-Ouen, ont débuté et sont assurés par la RATP. L’entreprise exploitera également la ligne 11 qui sera alors prolongée jusqu’à Rosny Bois-Perrier.

Le transport constitue la première dépense énergétique en France et maitriser la teneur écologique du réseau propre au Grand Paris est donc une nécessité pour faire de cette ville monde un modèle de transition énergétique. Seulement, les chantiers ne doivent pas se limiter à favoriser une mobilité éco-responsable et décarbonée.  Il est impératif de valoriser également l’efficacité énergétique des bâtiments. Pour ce faire, 125 000 logements par an sont appelés à être rénovés énergétiquement d’ici 2020, soit trois fois plus que ce qui est en cours. « Si l’on veut fournir un modèle, une vitrine, donner une dynamique, nous ne devons pas perdre de vue que l’existant doit se mixer avec les nouveautés. Ceci s’applique plus particulièrement à la rénovation du bâti », indiquait Jean-Claude Gaillot, directeur de la SEM Posit’if, lors des débats sur le Grand Paris. Beaucoup de terrains d’interventions donc et beaucoup de questionnements quant à leur réalisation qui trouvent rapidement des réponses quant on voit les efforts que fournit actuellement le gouvernement pour faire de la France un territoire « à énergie propre ». Alors que le projet relatif à la transition énergétique pour la croissance verte doit être voté d’ici à la fin de l’année, il est plus qu’évident que l’émergence d’une métropole amenée à avoir un rayonnement international soit porteuse des ambitions d’un pays entier en matière d’engagement environnemental.

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