Pollution à Paris : le casse-tête des mesures d’urgence

Par GV Modifié le 14 avril 2015 à 15 h 36

Alors que la capitale connaît de nouveaux pics de pollution, le Conseil régional d'Île-de-France, la Mairie de Paris et la ministre de l'Ecologie s'écharpent sur les mesures d'urgence à prendre. L'abaissement de la vitesse autorisée de 90 à 20 km/h a finalement été ordonné, en plus de la gratuité du stationnement résidentiel et des transports en commun. Les pouvoirs publics ne sont pas les seuls à se mobiliser et d'autres acteurs n'hésitent pas à s'engager pour la santé des Franciliens.

Nouvelle mesure drastique pour lutter contre la pollution : la vitesse passe de 90 km/h à 20 km/h

Le seuil d'alerte pollution n'est pas encore atteint, mais presque. Selon Airparif, l'organisme en charge de la surveillance de la qualité de l'air, le seuil dit « d'information » de 50 microgrammes de particules fines PM10 par mètre cube a été largement dépassé la semaine dernière (78/100 jeudi) tandis que le seuil d'alerte est fixé à 80/100.

Mesure privilégiée par les pouvoirs publics pour y répondre : la gratuité du stationnement résidentiel mise en place mercredi et reconduite jeudi. La Préfecture a également annoncé une mesure plus inhabituelle, l'abaissement de la vitesse autorisée de 90 à 20 km/h en Île-de-France. En général, la vitesse n'est réduite qu'autour de 60 à 70 km/h, preuve s'il en était besoin de l'urgence de la situation.

La Préfecture se veut rassembleuse et explique que cette décision « a été prise après une réunion avec un collège d'experts (AirParif, Météo-France et Direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie) en présence des représentants de la mairie de Paris, du conseil régional d'Ile-de-France et des conseils départementaux, afin d'examiner l'évolution de la situation en termes de pollution ».

La circulation alternée crée des tensions entre les pouvoirs locaux et la ministre de l'Ecologie

La Mairie de Paris demandait pourtant que soit ordonné le dispositif de circulation alternée, que la ministre de l'Ecologie est la seule à pouvoir déclencher. Son refus a mené à une manifestation vendredi devant le ministère de l'Ecologie et à l'appel d'EELV et du Front de gauche à se mobiliser. Selon le président socialiste du conseil régional d'Île-de-France, également président du Stif, l'autorité organisatrice des transports franciliens, Jean-Paul Huchon qui soutient la demande de circulation alternée, « on ne peut pas spéculer sur la santé des gens, et c'est de la responsabilité de l'Etat. C'est une question éminemment étatique ».

Pour Mme Royal, la circulation alternée est « une galère pour la banlieue » et la Ministre est frileuse à l'idée de l'imposer trop souvent. Il faut dire que la mesure est très impopulaire. Le délai de prévenance est particulièrement pointé du doigt puisque souvent trop court pour pouvoir prévoir un moyen de transport alternatif pour se rendre de son domicile à son travail. Dans un communiqué, le Medef soutient les mesures de réduction de la pollution tout en précisant que « toute annonce de circulation alternée devrait être accompagnée d'un délai d'annonce suffisant, de 36 heures », et qu'il faudrait « garantir les exceptions professionnelles et prévoir un renforcement de l'offre de transports en commun ».

Transports en commun ou vélo : tout sauf la voiture

Sur ce dernier point, justement, il a été demandé aux opérateurs de transports SNCF, RATP et Optile d'instaurer la gratuité des transports samedi sur leurs réseaux respectifs. Sur le plus long terme, de nettes avancées sont possibles grâce à la volonté affichée des acteurs du réseau francilien, RATP en tête, de participer à la réduction de la pollution dans la capitale. Le réseau parisien a ainsi adopté une démarche de management environnemental conforme aux exigences de l'Organisation internationale de normalisation. Aujourd'hui, 94 % des sites de la RATP sont certifiés ISO 14001, la norme de gestion des risques des activités de l'entreprise en matière d'environnement.

Autre moyen pour lutter contre la pollution sur le long terme : le vélo. Outre le système déjà en place du Vélib', qui a connu un vif succès dès sa mise en place, la ville de Paris compte bien développer le potentiel vélo de la capitale. Elle affiche ainsi dans son plan vélo 2015-2020 l'objectif ambitieux de multiplier par trois le nombre de trajets effectués en deux-roues (de 5% à 15%). Les réformes porteraient aussi sur les voies dédiées à la circulation des vélos : davantage bidirectionnelles, elles passeraient des 700 km actuels à 1500 km, soit plus du double.

Face aux controverses sur les mesures d'urgence lors des pics de pollution, des alternatives sur le plus long terme doivent être pensées. Les opérateurs des transports et les pouvoirs publics se mobilisent pour le bien-être et la santé des Franciliens mais les effets ne se feront pas sentir avant longtemps. D'ici là, les pouvoirs locaux – Mairie et conseil régional – et la ministre de l'Ecologie devraient faire cesser leurs désaccords sur la circulation alternée.

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