Focus sur l’EPR, futur de l’énergie décarbonée en France ?

Par GV Modifié le 26 novembre 2015 à 15 h 07

Fruit de plusieurs décennies de recherches, menées notamment par le Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) en France et le Centre de recherche de Karlsruhe en Allemagne, le réacteur EPR d’Areva est la toute dernière génération de réacteurs à eau sous pression, ou REP, avec plus de 1600 MWe de production électrique nette. Certifié par plusieurs autorités de sûreté, un parc de 30 ou 40 de ces réacteurs de Génération III+ devraient être construits en France d’ici 2050 d’après EDF.

Quelles sont les avancées ?

D’une capacité de production électrique nette de 1600 MWe, l’EPR est le réacteur nucléaire le plus puissant au monde. Il est le descendant direct de deux réacteurs - le français N4, développé par AREVA, et l’allemand KONVOI, développé par Siemens - parmi les réacteurs les plus modernes et les plus puissants actuellement exploités en France et en Allemagne.

Parmi les principales nouveautés, on notera l’économiseur axial, installé dans chaque générateur de vapeur, qui permet d’accroître la pression de la vapeur et le rendement de la centrale ; ainsi que le cœur entouré d’un réflecteur de neutrons qui favorise une meilleure utilisation du combustible et protège la cuve contre le phénomène de vieillissement dû à l’irradiation. Une coque externe recouvre le bâtiment réacteur, le bâtiment combustible, et 2 des 4 bâtiments de sauvegarde. Elle assure une protection renforcée contre la chute d'un avion commercial lourd ou militaire. Enfin, un compartiment spécifique, situé à l’intérieur de l’enceinte de confinement, est destiné à recueillir automatiquement le cœur fondu, en cas d'accident grave.

Des normes de sécurité toujours plus drastiques

Le nouveau réacteur, conçu en collaboration avec les autorités de sûreté françaises et allemandes, bat des records en nombre de certifications. Suite à la catastrophe de Fukushima, des tests simulant des tremblements de terres de grande ampleur ont été réalisés sur EPR, et des ajustements ont été apportés vis-à-vis de l’étanchéité et de l’autonomie du réacteur.

Ainsi un système de contrôle basé sur la redondance des vérifications humaines et informatiques  permet de dresser des barrières de sûreté globales.

La résistance aux risques majeurs est assurée par des enceintes de confinement robustes et des installations situées le plus bas possibles pour résister aux tremblements de terre. Les capacités de refroidissement et la prévention des risques pour l’environnement ont aussi été améliorées.

EDF compte  renouveler le parc français avec des réacteurs EPR

Vendredi 23 octobre, le PDG d’EDF Jean-Bernard Levy a déclaré aux journalistes que les grands choix au niveau du renouvellement du parc nucléaire français se feront autour de 2020. Le groupe, qui a travaillé avec Areva sur le nouveau réacteur EPR, compte renouveler complètement le parc français vieillissant d’ici 40 ans.

« En 2050 ou 2055, il n’y aura plus de réacteurs de la génération actuelle, nous aurons ces EPR NM, il y en aura 30 ou 40. Notre objectif est que les grandes options de sûreté, les grands choix d’architecture soient faits dans les années qui viennent pour que nous ayons un design détaillé accepté par l’autorité de sûreté nucléaire à l’horizon 2020 », a précisé M. Lévy.

Il a cependant admis qu’EDF n’aurait pas la capacité de financer ce nouveau parc à lui tout seul. « La question se posera nécessairement de faire entrer des partenaires  » a-t-il ajouté.

Quant à la loi de transition énergétique votée en août par le gouvernement, qui fixe une baisse de la part du nucléaire de 75 à 50% de l’électricité produite en France d’ici 2025, elle ne devrait pas affecter la construction de nouvelles centrales d’après EDF. En effet, la consommation d’énergie en France devrait augmenter d’après M. Lévy, et EDF compte doubler sa part de chiffre d’affaire réalisée à l’étranger, qui est aujourd’hui de 5%.

Des chantiers dans le monde entier

Il y a actuellement 4 chantiers de réacteurs EPR en cours dans le monde : 2 en Chine, 1 en Finlande et 1 en France à Flamanville. Ces premières livraisons ont connu les retards et les problèmes que l’on sait au niveau de la forge des cuves, cependant Areva défend qu’une étude approfondie des problèmes rencontrés sur ces premiers chantiers a été réalisée, et que des précautions ont été prises pour les chantiers  d’EPRTM qui arrivent.

Un autre projet de construction de 4 réacteurs en Angleterre est prévu pour 2023. A l’heure actuelle, le réacteur EPR d’Areva et le seul réacteur de Génération III+ à être commercialisé dans le monde entier, grâce à son niveau de certification record.

Crédits photo : Charly Triballeau/AFP

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