Les paysans, premières victimes des dérèglements climatiques

Par GV Modifié le 28 décembre 2015 à 14 h 04

Les premières victimes du dérèglement climatique sont bien souvent les paysans. La sécheresse, les intempéries inhabituelles, et les inondations bouleversent l’équilibre de leurs terres. Des données climatiques de moins en moins prévisibles, de plus en plus capricieuses, et ce aux quatre coins du monde.

Secrétaire de l’organisation Serikat Petani Indonesia, Zinal Arifin Fuad s’est exprimé pour l’ONG Via Campesina, à Paris, lors d’une rencontre en marge de la conférence sur le climat, afin de témoigner de la situation en Indonésie. Il raconte que normalement les fermiers ont un calendrier pour leurs plantations. Mais aujourd’hui, il devient impossible de le mettre à jour à cause des intempéries. Zinal Arifin Fuad explique que pour eux la saison des pluies est censée se situer d’octobre à avril et la saison sèche de mars à septembre. Actuellement, ils ne peuvent plus rien prévoir. Ils sont obligés de faire face aux dérèglements climatiques, et sont donc contraints de revoir l’ensemble de leurs modes de production. Pour toute ces raisons, l’association indonésienne Serikat Petani vante le système de riziculture intensive (SRI), car il offre la possibilité de produire plus de riz avec moins d’eau et moins de pesticides.

Les Indonésiens ne sont pas les seuls à être frappés par les dérèglements du climat, les paysans turcs sont également touchés. Adnan Cobano qui représente la confédération de syndicats paysans turcs Ciftci-Sen, a déjà observé les effets du climat sur sa production de fruits. Il décrit les conditions de pluies imprévisibles, en dehors de la saison, qui ont causé des maladies et les ont contraint à utiliser des pesticides pour les détruire.  Après cela, les vagues de chaleur hivernales ont déréglé l’état végétatif des plantes, alors que des coups de gels répétitifs avaient déjà eu lieu précédemment. Il ajoute pour terminer que l’année passée, c’est la neige qui avait dévasté ses vignes.

Le second phénomène climatique désastreux pour les paysans de l’Afrique à l’Amérique centrale, c’est la sécheresse. L’association des travailleurs agricoles du Nicaragua (ATC), représentée par Edgardo Garcia Aguilar  annonce que ce pays d’Amérique centrale se situant entre l’océan Pacifique et l’océan Atlantique, est durement touché par le réchauffement climatique. Selon lui, en 2014, la sécheresse a été d’une telle violence que les paysans ont dû vendre leurs bêtes car ils ne pouvaient pas les alimenter. La mer, elle, avait une température plus élevée que la normale, en conséquence, les pêcheurs ne trouvaient plus de poissons. Cela est d’autant plus dramatique que la moitié de la population vit de la pêche et de l’agriculture, a expliqué M. Garcia Aguilar.

Mamadou Fayinkeh, président de l’association des fermiers de Gambie, s’exprime sur la durée de la saison des pluies qui est passée de 3 ou 4 mois à 2 en quelques années. Il ajoute qu’il n’existe aucun procédé d’irrigation dans son pays et que jamais les réserves d’eau n’ont été explorées.

En Afrique du Sud, on dresse le même bilan. Themba, membre de l’association Landless People Movement constate que les populations les plus pauvres sont les plus touchées par les effets du changement climatique. La chaleur est intolérable, selon lui, les bêtes meurent, et les champs sont désertés par les gens car il ne pleut pas. Et si malgré tout il pleut, c’est violemment, et les orages et le vent détruisent les habitations.

Le président de l’association gambienne s'interroge car au XIXe siècle, les fermiers n’avaient pas nos technologies, mais les gens se nourrissaient quand même, aujourd’hui ce n’est plus la cas. De quoi se poser de sérieuses questions ?