La crise du plastique dans les océans en Asie

Par GV Publié le 6 juin 2018 à 14 h 23

Une mangrove vietnamienne drapée de polyéthylène, une baleine tuée après avoir avalé des sacs de déchets dans les mers thaïlandaises et des nuages ​​de déchets sous-marins près des îles « paradisiaques » indonésiennes - des images sinistres de la crise plastique qui a frappé l'Asie.

Environ huit millions de tonnes de déchets plastiques sont déversés chaque année dans les océans du monde, l'équivalent d'un camion à ordures en plastique déversé dans la mer toutes les minutes.

Plus de la moitié provient de cinq pays asiatiques : la Chine, l'Indonésie, les Philippines, la Thaïlande et le Vietnam, selon un rapport 2015 de Ocean Conservancy.

Ces pays sont ceux qui connaissent la croissance la plus rapide en Asie, et où une grande partie du plastique mondial est produit, consommé et rejeté. Cependant, la plupart des plastiques sont rejetés de manière inappropriée, ce qui accroit les problèmes dans ces pays, où la gestion des déchets est inadaptée.

« Nous traversons une crise de pollution plastique, nous pouvons le voir partout dans nos rivières, dans nos océans ... nous devons faire quelque chose à ce sujet », a déclaré à l'AFP Ahmad Ashov Birry, un militant de Greenpeace.

La journée mondiale de l'environnement, mardi 5 juin, a mis en lumière les dangers du plastique avec le slogan « si vous ne pouvez pas le réutiliser, refusez-le ».

Le plastique n’a pas que des conséquences esthétiques, il détruit la vie marine.

La semaine dernière, une baleine est morte dans le sud de la Thaïlande avec 80 sacs en plastique dans son estomac, un spectacle de plus en plus fréquent quand on pense aux oiseaux morts et aux tortues échouées, pleines de plastique.

La plus grande menace pourrait être invisible.

Les microplastiques - de minuscules fragments qui absorbent facilement les toxines après s'être détachés de plus gros morceaux de plastique - ont été trouvés dans l'eau du robinet, l'eau souterraine et le poisson que des millions de personnes mangent chaque jour en Asie.

Les scientifiques ne savent toujours pas complètement mesurer les effets sur la santé de la consommation de microplastiques.

« Nous menons une expérience mondiale sans savoir où nous nous dirigeons », a déclaré à l'AFP Carl Gustaf Lundin, responsable du programme mondial pour les zones marines et polaires de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Dans une forêt de mangroves au Vietnam, la population creuse dans la boue chaude et tachetée de détritus pour y trouver des escargots ou des crevettes.

Les branches des arbres situées juste au-dessus sont recouvertes de sacs en plastique délavés.

Un tronçon de 1 km de plage est bordé de sandales, d'emballages de biscuits, de tubes de dentifrice japonais, de boîtes de jus, de filets de pêche, de meubles et de tas de vêtements usagés.

« Il est difficile pour nous de travailler ici et de trouver des crevettes et des poissons », a déclaré un pêcheur, qui trouve souvent des déchets dans ses filets.

Plus de plastique que de poissons dans les océans d’ici 2050

Selon Joi Danielson, directeur de programme d'Oceans Plastics Asia chez SYSTEMIQ, la collecte des ordures est faible dans les régions rurales du Vietnam comme ailleurs en Asie, une des principales raisons pour lesquelles tant de plastique finit dans la mer.

En moyenne, environ 40% seulement des ordures sont correctement collectées dans ces cinq pays, la plus grande partie des déchets étant dévidée dans l'océan. Peu de ressources sont dédiées à la gestion des déchets, en particulier dans les mégapoles prospères.

De plus, la consommation de plastique continue de gonfler avec la croissance des revenus et la dépendance à l'égard des produits en plastique, qui font partie intégrante de presque tous les aspects de la vie quotidienne.

« Vous vous battez contre une cible en croissance constante », a déclaré Joi Danielson à l'AFP.

Si le taux de collecte des déchets reste équivalent, la quantité totale de déchets de plastique dans les océans du monde devrait doubler à 250 millions de tonnes d'ici 2025, selon Ocean Conservancy.

Cela signifie qu'il pourrait y avoir plus de plastique que de poisson dans les mers du monde d'ici 2050 si rien n'est fait pour inverser la tendance.

L'an dernier, la deuxième plus grande économie du monde a déclaré qu'elle arrêterait d'importer le recyclage de l'Ouest, refusant d'être « le dépotoir du monde ».

Mais la grande majorité des déchets chinois provient du pays et la collecte reste faible dans les zones rurales, selon Joi Danielson.

Les experts s'accordent sur le fait que si le problème semble décourageant, il reste possible de trouver une solution.

Les campagnes de médias sociaux appelant à interdire le plastique, ainsi que certaines vidéos devenues virales comme celle du plongeur britannique Rich Horner nageant au milieu des nuages ​​de déchets au large des côtes de Bali ont contribué à éveiller la conscience publique.

L'amélioration de la collecte des déchets et la réduction de la consommation ont été identifiées comme des étapes cruciales à venir.

Pour Gustaf Lundin, la volonté politique reste peut-être le plus gros obstacle à lever.

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