Parmi les grands enjeux économiques et environnementaux sur lesquels le gouvernement travaille depuis de longs mois, la mobilité est sans conteste un de ceux qui passionnent une majorité de Français. Comment penser la mobilité à l’heure du tout connecté et de la prise de conscience écologique ? Les tendances se dessinent au gré d’offres du privé bientôt encadrées par les pouvoirs publics. Un principe tend à s’imposer, la mobilité sera plus économique et écologique.
Rouler : de la liberté à la contrainte
De sa création à la fin du XIXe siècle au début des années 2000, l’automobile a été considérée comme l’outil de la liberté par excellence. La liberté de voyager à laquelle s’ajoute le signe de réussite sociale. Le passage d’une Ferrari ou d’une Maserati ne laisse généralement pas les passants indifférents. La voiture garde une grande capacité de séduction pour ce qu’elle est et représente. S’il n’y a jamais eu autant de véhicules en circulation dans le monde (plus d’un milliard), sa démocratisation à l’extrême est porteuse d’un désamour qui semble durable dans un pays comme la France. Le coût toujours plus élevé, les interminables bouchons et les difficultés récurrentes à trouver une place pour se garer ont transformé ce passe vers la liberté en moteur à problèmes.
La mobilité partagée plébiscitée par les Français
Aujourd’hui, les manières de « consommer » la voiture évoluent en fonction de ces contraintes et vont dans un sens plus responsable. Les obstacles économiques et la prise de conscience environnementale changent les habitudes et le temps du partage est venu. Pour les non automobilistes, se rendre d’une ville à une autre ne pouvait se faire que par le train, le bus ou l’avion. Des modes de transports contraignants pour beaucoup. Désormais, les non propriétaires d’un véhicule et les automobilistes n’hésitent plus à recourir au covoiturage. Partager les coûts et passer quelques heures à plusieurs au lieu de tracer sa route seul dans la monotonie des grandes lignes droites de l’autoroute est devenu la nouvelle manière de se déplacer. Les sites collaboratifs ont le vent en poupe et imposent peu à peu une autre façon de penser la mobilité. Le mot d’ordre est à la mobilité partagée. Autrement dit, se déplacer en voiture sans avoir à subir les contraintes qui lui sont liées. Le XXIe siècle le permet via des sociétés privées et parfois même sous l’impulsion des pouvoirs publics.
Quand les pouvoirs publics changent la donne
L’exemple le plus frappant est sans conteste Autolib’. Lancé par la mairie de Paris en 2011, le réseau d’autopartage couvre quatre ans plus tard environ 70 communes de la région parisienne. La mobilité partagée fonctionne et fait des adeptes – seule une quarantaine de municipalités était partie prenante au projet initial – faisant de ce concept une réussite qui s’exporte même à l’étranger. Pratiques, mais aussi non polluantes, les Autolib’ tirent de leur respect de l’environnement une de leur grande force. A l’heure où tout fait l’objet du calcul de l’empreinte carbone, se déplacer sans polluer a beaucoup d’attraits pour des citadins soucieux de leur empreinte environnementale.
Les différents sommets internationaux sur le climat et l’entrée en force de l’écologie sur la scène politique française depuis 2007 poussent les pouvoirs publics (de gauche comme de droite) à mettre l’accent sur le développement d’une mobilité nouvelle basée sur le partage et la propreté. La ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, a dévoilé le 4 février dernier la feuille de route 2015 en faveur de l’environnement. Le retour de « la pastille verte » a été la mesure la plus commentée, mais pas forcément celle dont l’impact sera le plus grand. La prime à la conversion des véhicules diesel est très incitative puisque l’achat d’une voiture hybride ou électrique en remplacement d’un vieux modèle diesel pourra respectivement atteindre 5 000 et 10 000 euros. Une aubaine pour les acheteurs comme pour les constructeurs qui ont fait le pari de l’électrique. Le gouvernement mise particulièrement sur cette énergie avec le déploiement accéléré de bornes publiques de recharge électrique. Le Programme des Investissements d’Avenir (PIA) a déjà financé 5 000 stations de recharge, une accessibilité qui a longtemps été le frein principal pour le développement des voitures 100 % électriques.
La mobilisation des pouvoirs publics ne faiblit pas et laisse entrevoir un nouveau rapport à la mobilité. Plus partagée, plus propre, plus en phase avec les attentes des consommateurs et des citoyens.
Emma Servier